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Faut-il systématiquement dévoiler les prénoms des criminels et délinquants ?

DÉBAT. Il y a plus d’une semaine, de nombreux internautes s’étonnaient que le nom du meurtrier des Cévennes ait fuité dans la presse si rapidement, alors qu’il était encore recherché par la gendarmerie, et alors même qu'habituellement, les noms d’autres criminels ou délinquants sont difficilement révélés. Faut-il (ou pas) les rendre systématiquement publics ? C’est le débat de ce mercredi.

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« Comme c’est bizarre, pour une fois on connaît directement le prénom du tueur !! » C’est le genre de commentaire que l’on pouvait lire sous des articles de presse relatifs à Valentin Marcone, responsable du double-meurtre dans une scierie des Cévennes le mardi 11 mai. Derrière ces remarques, somme toute anodines, semble poindre un soupçon à l’encontre des médias, qui tairaient délibérément les noms de certains accusés. Une manière de ne pas révéler leur origine ethnique, religieuse ou communautaire ?

Le prénom, un révélateur ?

C’est pour cette raison que l’élu RN Julien Odoul avait déclaré, en septembre dernier : « Il faudrait que les médias donnent régulièrement les prénoms. Ce qui est frappant c’est que pour certains crimes, on donne le prénom tout de suite (…) Mais pour les autres il y a une forme de pudeur, de dissimulation parce qu’on ne veut pas regarder la réalité en face. » Pour lui, les auteurs des faits divers s’appellent « la plupart du temps (…) Youssef, Mohammed ou Karim ».

De l’autre côté, généralement à gauche de l'échiquier politique, chercher à connaître les prénoms des délinquants et criminels le plus possible reviendrait à stigmatiser une partie de la population et d’instrumentaliser des drames à des fins politiciennes, électorales et à diviser le peuple.

Les prénoms sont en effet une source de polémiques dans le débat public français, notamment depuis qu’Éric Zemmour a popularisé l’idée que la conservation des prénoms d’origines par les immigrés serait un signe de la faillite de leur assimilation. Or, en France, où les statistiques ethniques ou religieuses sont formellement interdites par la loi, le prénom est un indice sur l’environnement socio-culturel des prévenus.

Au-delà de l’entrave à la vérité et à la liberté de savoir, la dissimulation des prénoms peut avoir des conséquences dramatiques, comme l’a montré l’affaire des viols collectifs de Telford au...

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