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Pierre Valentin : « Le wokisme mène les sociétés au bord de l’implosion »

ENTRETIEN. Le think tank Fondapol a publié récemment deux études fouillées sur l’idéologie « woke ». Premier volet : l’anatomie du wokisme. Nous avons interrogé son auteur, Pierre Valentin, étudiant en master de sciences politiques.

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Front Populaire : Pourquoi avoir voulu procéder à une anatomie de l’idéologie Woke ?

Pierre Valentin : En Amérique, le sujet du wokisme occupe clairement la première place des débats. Le sondeur Frank Luntz estime qu’au Royaume-Uni le clivage « woke contre non-woke » occupe désormais la troisième place des clivages les plus importants pour les électeurs anglais. Il pronostique le fait que les débats politiques britanniques ressembleront aux américains d’ici « six à douze mois ».

Nous avons tendance à suivre les tendances politiques et culturelles de ces pays avec un léger retard. Il n’est donc pas inutile d’analyser ce qui pourrait devenir à terme le premier clivage de notre vie politique avant d’être dans l’œil du cyclone.

FP : D’où vient cette idéologie ? Comment et où est-elle née ? Comment s’est-elle imposée ?

PV : « Woke » signifie « éveillé » en anglais, et dans son utilisation politique : éveillé aux injustices et aux discriminations que subissent les minorités dans les pays occidentaux. La politisation du terme date du début des années 2010. Le wokisme est un postmodernisme mutant, l’enfant paradoxal de la French Theory de Jacques Derrida et de Michel Foucault. On pourrait cependant également mentionner Antonio Gramsci et Herbert Marcuse.

Avant Gramsci, le marxisme pur et dur restait attaché au matérialisme historique, qui voit l’Histoire comme étant écrite d’avance par les interactions des forces de production. L’économique conditionnerait le culturel. Gramsci, en ayant l’impression d’amender Marx pour mieux continuer son héritage, le désavoue fondamentalement en accordant une grande part de causalité à la culture pour changer l’économique. Désormais, il faut prendre d’assaut les relais culturels, les infiltrer d’intellectuels marxistes qui sauraient résister à la pensée « bourgeoise » partout présente. Le passage de Marx à Gramsci rappelle en quelque sorte le passage du social au sociétal chez une certaine gauche aujourd’hui…

L’idéologie bourgeoise étant partout, tous les relais culturels doivent être repris et...

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