Pour faire un peuple, encore faut-il une histoire commune à laquelle il pourrait se rattacher. Et si les Français semblent de plus en plus divisés, atomisés, archipellisés… peut-être que leur niveau de maîtrise de ce passé commun n’y est pas pour rien. Une étude menée par OpinionWay en fin d’année, pour le compte de l’hebdomadaire La Tribune du dimanche ne rassure pas sur ce point. Sur de nombreux points, les jeunes — nés entre 1999 et 2007 — présentent de sérieuses lacunes, qui ne manqueront pas d’alerter jusqu’au plus haut sommet de l’État, les résultats étant parvenus jusqu’à l'actuel ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal.

Bien qu’année chargée de symbolique, 1789 n’est pas dans la tête de tous les 16-24 ans interrogés. Près d’un sur deux, 46 % pour être précis, ignorent qu’elle est l’année berceau de la Révolution française. Les questions de religions étant d’actualité, les sondeurs se sont également intéressés à la Shoah. Si 85 % déclarent connaître l’existence des chambres à gaz, ils sont moins de 50 % à savoir que le IIIe Reich en a été à l’initiative dans le cadre de la solution finale. Au pilotage de cette étude, la politologue Chloé Morin s’interroge : « Est-ce qu’il est possible d’enseigner l’antisémitisme à des jeunes qui ne savent pas ce qu’est la Shoah, qui ne comprennent pas la spécificité de ce fait historique ? ».

Pas de quoi être optimiste

L’enquête, bien qu’incomplète, tente de faire un lien entre lecture et connaissance, entre utilisation des outils numériques et culture. Parmi les jeunes qui lisent trois livres ou plus par mois, 86 % savent définir la Shoah. Ce chiffre passe à 68 % pour les non-lecteurs. Quant au numérique, 25 % des jeunes qui passent 8 heures ou plus par jour sur leur portable ne savent pas de...