Quand le milieu des affaires privatise des biens nationaux pendant les JO
ARTICLE. Pendant que les Parisiens se font confisquer leur ville le temps des olympiades, les grandes entreprises partenaires de l’événement posent leurs valises dans les prestigieux lieux de la capitale pour transformer Paris en vitrine d’affaires.
Quel étrange paradoxe. Circulation chaotique, commerces désertés, QR codes… À l’approche des Jeux, un sentiment de dépossession habite le cœur de nombreux Parisiens. Pendant ce temps, d’autres ont au contraire pris possession de la capitale. Les autres, ce sont ces grandes entreprises partenaires de l'événement, bien décidées à en profiter pour choyer leurs relations d’affaires et à transformer des lieux chargés d’histoire et de culture en attractions destinées à « faire vivre une expérience hors norme » à leurs invités, comme l’explique Antoine Alexandre, directeur général d'Eventeam Creativ, au Figaro. L’agence d'événementiel aura à sa charge 100 000 de ces « invités VIP ».
Et quoi de mieux que les plus prestigieux endroits de la capitale pour leur en mettre plein la vue ? C’est ainsi, par exemple, que le groupe BPCE (Banque populaire - Caisse d’épargne) a déboursé environ 2 millions d’euros, d’après Le Figaro, pour privatiser le Petit Palais. Propriété de la Ville de Paris, l’édifice qui abrite le Musée des beaux-arts a même été renommé « Petit Palais des sports » pour l’occasion. Au menu, champagne, vin et divertissements en tout genre, comme des expériences immersives proposant de s’imaginer surfer la vague de Teahupoo à Tahiti grâce à un casque de réalité virtuelle.
Autre haut lieu de la culture de la mairie de Paris, le Palais de Tokyo a lui été privatisé par Air France. Exit les expositions d’art moderne, l’établissement servira entre autres de restaurant pour faire déguster aux invités – ou au tout venant, qui devra, lui, débourser 85 € – le menu « classe affaire » de la compagnie. L’opérateur de télécommunication Orange s’offre quant à lui la Halle des Blancs Manteaux, autre célèbre centre culturel parisien situé dans le Marais, dans laquelle il a convié 2 000 clients, dont un tiers d’étrangers. Quant à Coca-Cola, partenaire historique des Jeux olympiques, l’entreprise...