Retour du loup : une candeur bien française ?
La présence du loup en Seine-Maritime est confirmée. Depuis le 14 juillet on déplore plusieurs attaques de brebis. Depuis 1992 et son retour dans les Alpes, le loup anime les débats. Dans un entretien publié sur Ouest France, Jean-Marc Moriceau, historien, n’hésite pas à critiquer l’administration française pour prendre la défense des bergers.
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Dans un entretien publié sur Ouest France, l’historien Jean-Marc Moriceau est revenu sur les débats qui animent notre pays autour de la question du retour du loup. Professeur à l’Université de Caen, M. Moriceau est un spécialiste de la question, lui qui a étudié les dix mille attaques de loups recensées entre les XVIe et XIXe siècles.
Dans cet article, l’universitaire met en cause l’Etat. Il affirme que le Gouvernement a menti aux éleveurs en 1992 en disant que le loup, alors de retour dans les Alpes, n’était qu’un « chien errant ». Article à lire ici.
L’historien souligne que le loup aujourd’hui constitue plus, pour le plus grand nombre, un élément de notre « imaginaire fondamental » qu’une réalité concrète. « Seuls 5 % de la population française savent ce que le loup peut faire ou en sont directement victimes. Les 95% autres ne l’ont jamais vu ni jamais subi ». Précise-t-il.
Pour lui, cette vision candide des choses a conduit les autorités à sous-évaluer les dommages potentiels que subiraient les bergers face à ce retour du loup. Au fond, « L’animal est passé du pire des nuisibles à strictement protégé » dit-il. Contrairement à l’Espagne ou à l’Italie, le système de protection français serait bien trop pernicieux et mettrait en danger les éleveurs, là où dans ces deux pays le retour du loup s’est fait de manière beaucoup plus circonscrite. L’animal évoluant dans des périmètres maîtrisés par les autorités, limitant ainsi les attaques.
Chez nous en revanche, le débat semble loin d’être clos…