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Vincent Coussedière : « L’idéologie de l’intégration fait l’erreur de séparer la loi des mœurs »
ENTRETIEN. Philosophe politique spécialiste du populisme, Vincent Coussedière a fait récemment paraître aux éditions du Rocher Éloge de l’assimilation, ouvrage profond, intelligent et courageux. Nous l’avons interrogé pour prolonger les réflexions autour de cette thématique fondamentale.
NB : Il est urgent de désacraliser le sujet de l’immigration. Retrouvez nos analyses, nos diagnostics et nos prescriptions dans notre nouveau numéro Front Populaire n° 4 : Immigrations, éviter le naufrage.
Front populaire : La première partie de votre ouvrage est consacré à l’influence déterminante – et méconnue - de Sartre dans la formation de l’idéologie migratoire. Promotion du racisme anti-blancs, identité victimaire, appel au meurtre des Européens…Sartre n’est-il pas le père spirituel de toute notre ultragauche woke postmoderne ?
Vincent Coussedière : Sartre est effectivement le véritable patron de la dérive identitaire et multiculturelle de la gauche actuelle, dérive qui va bien au-delà de l’ultragauche ou du gauchisme, mais concerne également la France insoumise et jusqu’au Parti socialiste, comme on l’a vu récemment avec les déclarations d’Audrey Pulvar. On fait habituellement remonter aux années 70 la promotion des identités et des minorités, dont les intellectuels prendront la défense, contre un Etat et une démocratie réputés niveleurs des différences et de l’altérité. Je montre que la généalogie doit remonter en amont, et qu’on trouve dans nombre de textes « politiques » de Sartre de l’immédiat après-guerre, un premier déploiement de la logique identitaire et multiculturaliste qui va être appliquée ensuite à la figure de l’« immigré ». Mon hypothèse est qu’on trouve dans l’œuvre de Sartre une version française du multiculturalisme possédant des traits propres, en particulier son fondement affectif qui cultive la honte de soi. A travers plusieurs textes comme Réflexions sur la question juive, Orphée noir ou la préface aux Damnés de la terre de Frantz Fanon, vient se nouer chez Sartre le triple verrouillage sur lequel repose ce que j’appelle « l’idéologie migratoire » : la honte de la nation et de sa tradition assimilatrice, la promotion de l’« identité » des victimes de l’assimilation,...
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