Être ou ne pas être… populaire. Là est la question. L’estime ne s’improvise pas, on l’a ou on ne l’a pas. Quand on ne l’a pas et qu’on en a besoin, on se l’approprie. Les occasions ne manquent pas, les inspirations non plus. Il y a quantité de choses à reprocher à nos dirigeants, mais en la matière, ils débordent d’imagination et rivalisent d’opportunisme. En fonction des besoins, ce sont liturgies, héros ou martyrs, componctions à tout-va. Tout devient prétexte à dresser des estrades, à composer des louanges, à pleurer des disparus, et que l’on n’aille surtout pas blasphémer en se moquant ! Mais que cache donc cette commémorite aiguë ?

Un besoin institutionnel

Tout d’abord, il faut bien admettre que nous vivons dans une société qui a stérilisé tout collectif, rendant odieuse toute idée d’appartenance lorsque celle-ci est subie, non choisie, lorsqu’elle est permanente, non éphémère, ou lorsqu’il ne s’agit pas d’encourager onze sportifs autour d’un ballon. Chacun butine comme bon lui semble. Or, la République est une plante beaucoup plus fragile qu’une monarchie ; il faut l’arroser régulièrement. Il est en effet nécessaire de créer du lien sans faire appel ni à une tradition héréditaire ni à l’approbation des cieux. Nous snobons les sociétés qui assument encore leur besoin de transcendance, mais sommes fatalement logés à la même enseigne. Et plus l’époque est médiocre, plus cela se vérifie. En effet, plus le pouvoir de décision est accaparé par des personnes sans caractère, n’ayant aucune ambition nationale et aucun talent à mettre au service exclusif de la nation, plus il nous faut recourir à des modèles du passé.

Où trouver ceux-ci ? Le panthéon hexagonal de l’oligarchie n’est pas celui de la population. Il doit néanmoins répondre à la mainmise idéologique du moment sans incommoder outre mesure. Il se trouve qu’une génération...