À 87 ans, Klaus Schwab est un homme bien occupé. Le fondateur et désormais ex-président du Forum économique mondial (WEF), dit « Forum de Davos », n’en a pas encore fini avec les caméras. Dans le cadre d’une enquête du cabinet d’avocats Homburger sur sa gestion du grand raout annuel qui réunit les puissants de ce monde pour communier autour des valeurs néolibérales et mondialistes, quelques cadavres se sont échappés du placard de l’économiste suisse. Au-delà des accusations de malversations financières qui ont conduit à sa démission précipitée en avril dernier, il est également question de courriers suggestifs envoyés à de jeunes employés du WEF, de facturations officieuses pour les frais de déplacement de son épouse Hilde Schwab… et de manipulations de données. Toujours au nom de l’agenda davosien.

Classements trafiqués

Entre 2004 et 2020, le WEF publiait chaque année son Global Competitiveness Report (GCR), un grand classement de la conformité des économies nationales aux principes du libre-échange. En 2017, les premiers fruits du Brexit, voté l’année précédente, étaient prêts à être récoltés. Dans le GCR 2017/2018, le Royaume-Uni passait même de la septième à la quatrième place ! Un symbole de vitalité que Schwab ne pouvait tolérer : dans un courrier interne, le Suisse exige une dégringolade des Britanniques – qui finiront à la huitième place –, sous peine de voir cette performance « instrumentalisée par le camp du Brexit », rapporte l’hebdomadaire suisse SonnstagZeitung, qui a eu accès à quelques éléments de l’enquête. Idéologie partout, science nulle part ? En tout cas, l’épisode a le mérite d’une piqûre de rappel : le Brexit, véritable caillou dans l’engrenage européiste, a été une guerre, et à chaque guerre ses propagandes et autres tentatives d’orienter l’opinion.

Depuis neuf ans, nous voyons défiler un interminable cortège d’analyses, d’expertises, de commentaires, de sondages, tous univoques : le Brexit serait une erreur que les...