Front Populaire : Quel regard portez-vous sur le mouvement des Gilets jaunes, après trois années écoulées ?

FABRICE GRIMAL : Le mouvement aura véritablement marqué son époque, à la fois par son intensité et sa durée, mais aussi et surtout par la reconfiguration profonde qu’il impose au paysage politique français, et à laquelle aucune réponse n’a pu être apportée depuis. Les Gilets jaunes ont montré – et le monde entier l’a vu – que la fraternité était le seul moyen de faire tenir ensemble non seulement la liberté et l’égalité, mais aussi la foule la plus hétéroclite possible. Dans ces retrouvailles entre concitoyens séparés par des années de politique politicienne durant lesquelles on a « divisé pour mieux régner », nous nous sommes aperçus que nous étions tout simplement français, et tous logés à la même enseigne.

ABDOULAYE KANTE : Ce mouvement a été un tournant dans le paysage social de notre pays. Il a permis de voir cette France profonde que l’on ne voyait pas souvent montrer ses inquiétudes, ses colères, ses déceptions envers ces corps intermédiaires censés défendre les droits des travailleurs de toutes classes. Les Gilets jaunes c’étaient ces Français, monsieur et madame Tout-le-Monde, qui venaient simplement revendiquer leur droit à vivre mieux. Vivre mieux c’était quoi ? Juste se battre contre la cherté de la vie quotidienne. Il a été aussi celui de faits de violence qui ont cristallisé tous les citoyens…

F.P. : Racontez-nous comment vous avez vécu les évènements de l’intérieur, vos impressions et souvenirs de terrain.

ABDOULAYE KANTE : Avant d’évoquer un souvenir, je peux dire qu’en tant que citoyen français, tout le monde se sentait Gilet jaune. Vous savez, même si on porte un uniforme, nous sommes des humains en dessous, des pères et des mères de famille qui se soucient d’avoir des fins de mois difficiles. Essayer d’avoir un Caddie...