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La preuve par l'enfant : résister à la réification

L'édito de Michel Onfray

/2022/12/2_EditoMO_1


À ceux qui estiment que le partage entre la droite et la gauche n’a plus aucune raison d’être, je souhaiterais donner l’occasion de placer une ligne nouvelle qui permet de continuer à croire qu’il y a ceux qui pensent en termes d’être et ceux qui pensent en termes d’avoir. J’ai la faiblesse de croire que le slogan du Nouveau Parti anticapitaliste qui affirme : « Nos vies valent plus que leurs profits » exprime la quintessence de ce qu’est, de ce que devrait être, la gauche : préférer l’être à l’avoir, choisir les hommes contre l’argent, donner la priorité à la qualité de vie sur la marchandisation du vivant.

Le capital a pour projet avoué la réification du monde. C’est son objectif pour le siècle suivant et le XXIe siècle sera celui de la réification. Ce capital veut transformer la planète en vaste supermarché où on peut louer, vendre, céder, acheter tout… De fait, on peut aujourd’hui louer un utérus comme une trottinette électrique, acheter des ovocytes comme du jambon, vendre du sperme comme des cadeaux de Noël insatisfaisants, s’offrir un enfant comme une poupée, Barbie ou gonflable, sexuelle ou ludique, c’est le rêve du capital ! Comment ce cauchemar pourrait-il passer pour un horizon indépassable aux yeux de gens qui se prétendent de gauche ? Quand le Capital se propose la réification généralisée, seule la puissance qui résiste à cette réification peut être dite de gauche. La gauche, c’est la résistance à la réification du monde – à celle du monde et des gens.

On trouve dans Les Misérables de Victor Hugo nombre de pages qui touchent au sublime. Dans ce joyau de la pensée française devenu trésor du patrimoine littéraire mondial, je voudrais penser l’aventure de Fantine et de Cosette. La jeune et jolie Fantine se trouve séduite par un étudiant qui quitte Paris...