La Rome populiste : les leçons de l'Histoire
Si le « populisme » comme catégorie d’étude politique est clairement moderne, sa manifestation historique est antérieure. Comme souvent, la chose a précédé le mot. Petit détour, donc, par l’histoire (romaine) des populistes (romains).
Il y a deux erreurs à ne pas commettre quand on réfléchit au populisme. La première est d’y voir un sujet de pure actualité, une mode propre à notre époque, sans passé ni avenir, et qui ne s’expliquerait que par les circonstances du moment. La seconde est, au contraire, d’en faire une instance gazeuse, présente partout et de tout temps, en général pour l’assimiler à la démagogie et aux hommes politiques de faible conviction. Disons-le d’entrée de jeu, le populisme est bien plus que de la démagogie ; c’est un phénomène politique qui a sa cohérence et sa constance, avec une incarnation et un programme. Ses incarnations les plus anciennes remontent à l’Antiquité, et l’une d’entre elles est particulièrement éclairante pour nos débats d’aujourd’hui. C’est celle des populistes romains de la fin de la République. L’Antiquité romaine a ceci de caractéristique qu’elle présente pour nous des allures à la fois exotiques et familières. À bien des égards, la société romaine nous paraît étrange, éloignée, choquante parfois ; mais sous d’autres angles, nous nous y voyons comme en miroir. C’est particulièrement vrai en ce qui concerne le vocabulaire et les institutions politiques, dont nous avons hérité, ou, pour être plus exact, que nous nous sommes réappropriés depuis le XVIIIe siècle. Ce mélange de bizarre et de prochain, d’antique et d’actuel, fait de Rome un excellent terrain pour étudier le populisme comme dans un laboratoire, loin des passions et des débats d’aujourd’hui. L’histoire a l’avantage de plonger les concepts dans un bain d’eau froide ; nous avons du mal à prononcer un avis sur Donald Trump, comme aurait dit Tacite, « sans affection ni sans haine » ; c’est beaucoup plus facile quand il s’agit de Clodius ou de Cicéron, qui ont vécu il y a deux mille ans.
Populares et Optimates
La première...