Le souverainisme n'est pas d'extrême droite
Le souverainisme, une idée d’extrême droite ? Il est étonnant qu’une doctrine qui postule et défend la pleine liberté d’action d’une nation sur elle-même soit ainsi cataloguée. À ce compte-là, la démocratie elle-même est d’extrême droite. Cet étiquetage n’a en réalité aucun sens, même si personne n’est dupe de son utilité idéologique.
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S’affirmer souverainiste ou se réclamer peu ou prou du souverainisme, tend aujourd’hui, dans les médias dominants, à vous faire classer à droite, voire à l’extrême droite. Il n’en a pas toujours été ainsi, et cette dérive langagière interroge. Le souverainisme, autrement dit la défense de la souveraineté de la nation fut, de la Révolution française à la fin du XIXe siècle, une option qui vous marquait à gauche. Au XXe siècle, la même gauche et l’extrême gauche ont soutenu des mouvements nationalistes, notamment au sein des pays colonisés, mais aussi une fois l’indépendance de ces pays reconnus. Il y a donc une réelle injustice (et surtout beaucoup de manège combinant amnésies sélectives, mensonges ciblés et pure mauvaise foi) dans cette volonté de classer le souverainisme à droite toute.
De quoi la souveraineté est-elle le nom ?
Lorsque nous parlons de souveraineté sur le plan politique, précisons que nous évoquons la souveraineté collective. La souveraineté individuelle, qui n’est pas moins importante, renvoie à d’autres notions et d’autres concepts. Un individu souverain est celui qui peut décider pour lui-même et être reconnu par d’autres en tant que tel. La souveraineté individuelle s’oppose à toute forme d’asservissement et s’exprime dans la théorie de l’égalité des droits – nul n’est plus égal que d’autres – et de l’égalité en droit – nul ne peut prétendre ou souffrir un traitement devant la loi qui ne soit point celui des autres. Cette souveraineté individuelle a des liens évidents avec la souveraineté collective, elle aussi spécifique. Dans le monde moderne, c’est-à-dire celui qui émerge au XVe siècle, elle concerne principalement l’État-nation. Auparavant, au Moyen Âge, elle s’appliquait aux communes. Rappelons le célèbre développement de François Guizot au XIXe siècle : dans sa septième leçon sur l’histoire de la civilisation en Europe, il analyse le processus d’affranchissement des communes dans une lutte pour...