Présence du peuple
Le peuple occupe une place de choix dans la littérature. Voici quelques lectures incontournables.
Populaire, populiste, populacier, popu, pop : la liste est longue de toutes les variations sémantiques qu’on peut aligner sur le mot peuple. On le définit, on le blâme, on le loue : le peuple existe dans le regard qu’on porte sur lui, dans les mots qu’on choisit pour le qualifier, dans le ton même qu’on choisit pour l’évoquer. La Littérature, longtemps aux mains des clercs et des puissants, a peu fait cas du peuple, et c’est au XIXe siècle, avec les auteurs romantiques et réalistes que le Peuple – majuscule oblige – trouve enfin sa place. Et durablement. En 1876, Zola aura eu l’audace – au risque de choquer les oreilles sensibles de son époque et de la nôtre – d’écrire avec L’Assommoir un roman qui ait, comme il l’indique en préface, « l’odeur du peuple ».
Les fabliaux, récits populaires
Le Moyen-Âge, dans notre mémoire culturelle, est lié aux grands récits épiques, aux textes religieux et aux poèmes courtois. Il faut, cependant, pour saisir la mentalité de ces temps lointains, faire place aux fabliaux, ces courts récits rimés du XIIIe siècle qui sont autant d’historiettes vivantes, truculentes, et bien souvent gaillardes, pour ne pas dire paillardes : c’est le peuple qu’on y rencontre, bourgeois et vilains, curés de village et moinillons d’abbayes. Loin des beaux messieurs et des gentes dames, on entend les jongleurs, sur les places publiques, raconter leurs historiettes satiriques, cocasses, crues et corsées : femmes volages et madrées, maris benêts et cocus, ecclésiastiques jouisseurs, le désir est partout présent, appât du gain et appétits sexuels. On appelle un chat un chat, les gros mots sont légion, et le rire est le motif premier de ces contes. C’est l’envers exact de la matière chevaleresque et des chansons courtoises. Rabelais s’est nourri de cette verve populaire, La Fontaine s’en est souvent souvenu. On a...