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Rencontre avec un climatoréaliste

À rebours de la majorité de ses confrères universitaires, Benoît Rittaud avance que la responsabilité humaine dans le changement climatique n’est qu’une hypothèse scientifique peu étayée. « Ne confondons pas ce que l’on voit avec ce que l’on prévoit », plaide-t-il pour justifier ses fortes réserves face au discours écologique dominant.

/2021/06/climatorealiste

F.P. :
Comment jugez-vous, en tant que mathématicien, les modèles de prévision climatique ?

BENOÎT RITTAUD :
De même qu’une carte n’est pas le territoire, un modèle n’est pas le réel, et encore moins un oracle. C’est un bricolage. Y avoir recours, c’est admettre en creux qu’on n’a pas compris le fond des choses. Il est vrai qu’avec le système climatique, on a affaire à forte partie : atmosphère, biosphère, cryosphère, hydrosphère, lithosphère et leurs interactions le rendent fondamentalement complexe et instable. Ce n’est pas par hasard que l’un des articles fondateurs de la fameuse théorie du chaos concerne les transferts de chaleur atmosphérique, un point clé de la machinerie climatique. Utiliser des modèles n’est pas forcément mauvais en soi. Celui de Ptolémée sur le mouvement apparent des planètes a fait autorité pendant un millénaire et demi – un record d’autant plus méritoire que ce modèle plaçait la Terre au centre de l’univers. Nos modèles climatiques ne peuvent hélas pas rivaliser. Ils n’ont jamais fait leurs preuves pour prévoir le climat cinquante ans à l’avance, tout bêtement parce qu’il y a cinquante ans, ils n’existaient pas. Ils ne sont pas d’accord entre eux car ils proposent des valeurs très différentes pour le réchauffement à venir, dont le seul point commun est d’être largement excessives. Sur une centaine de projections, seule celle du modèle russe INM-CM4 reste dans les clous des observations. Pour disposer de modèles climatiques fiables, il faudra donc encore attendre. En science, la patience est une vertu.

F.P. :
Qu’appelez-vous « carbocentrisme » ?

BENOÎT RITTAUD :
Il n’existe aucun terme consacré pour désigner l’affirmation selon laquelle les émissions de gaz carbonique d’origine humaine conduiraient à une catastrophe. Cela permet à cette théorie d’échapper à la critique, car l’on se contente d’évoquer « les scientifiques » ou « les climatologues », diffusant ainsi de façon subliminale l’idée que la messe serait...