PeupleMichel Onfray

Viande de peuple & Gauche cannibale

L'édito de Michel Onfray.

EDITO-ONFRAY-18


La Révolution française marque la naissance du peuple moderne. Avant la décapitation de Louis XVI, le pouvoir est de droit divin ; le peuple, ce sont les sujets du monarque qui dispose de la souveraineté et qui, de ce fait, le conduit, pour son bien, bien sûr, en tâchant de faire de telle sorte qu’il reste à sa place ! Le roi dans son palais, le paysan dans son champ, le curé dans son église, le commerçant dans sa boutique, et tout ira bien. Le peuple, c’est un seul homme destiné à obéir au représentant de Dieu sur terre. 

Saint Augustin a donné la feuille de route dans La Cité de Dieu : dans la cité céleste, un seul dieu existe, il faut s’inspirer de ce schéma parfait pour que, dans la cité terrestre, le pouvoir soit dans les mains d’un seul. Saint Paul avait fait savoir aux Romains que tout pouvoir venait de Dieu. Mille ans de théocratie ont ainsi fait la loi en Europe avant que la tête du roi ne tombe dans la sciure jacobine le 21 janvier 1793. 

Rousseau écrit la feuille de route suivante avec son Contrat social : le philosophe est mort quand surgit la Révolution française, mais c’est lui qui triomphe, plus que Voltaire, avec la domination impérieuse, violente et brutale, des jacobins. Dieu existe, c’est entendu, mais qu’on le laisse là où il est à se reposer dans sa grande horlogerie après qu’il a fabriqué le monde comme un mécanisme suisse de haute précision. Le Dieu déiste de Rousseau est un Dieu du dimanche : il se repose le septième jour après avoir effectué du bon travail et sa vie n’est faite que de septièmes jours ! Lire ou relire La Profession de foi du vicaire savoyard. 

Le peuple devient donc le roi, il est le souverain....

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