« La France métropolitaine a commencé à enregistrer plus de décès que de naissances » : Michèle Tribalat analyse le bilan démographique de la France
CONTRIBUTION / ANALYSE. Une fécondité au plus bas, une population vieillissante, un solde naturel historiquement bas… Que retenir du bilan démographique de l’Insee, publié ce mardi 14 janvier ? Pour la démographe Michèle Tribalat, l'ère de l'exception démographique française est close. Son analyse.
L’Insee vient de publier son bilan démographique en France pour 2024. Il porte pour l’essentiel sur la France entière, même s’il contient quelques allusions à la France métropolitaine sur la fécondité.
Rappelons que les comparaisons temporelles sont plus satisfaisantes lorsqu’elles se font à champ constant. Retenir la France métropolitaine permet justement d’avoir un champ géographique constant depuis 1946. Pour la période plus récente qui démarre en 2010, elle évite l’entrée de Mayotte dans les données "France entière" en 2014.
Un solde naturel négatif en France métropolitaine
Si, comme l’écrit l’Insee, « le solde naturel s’établit à +17 000 en 2024, soit le niveau le plus faible depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », c’est encore plus probant en France métropolitaine où le solde naturel est passé en dessous de zéro (-1000). La France métropolitaine a donc commencé à enregistrer plus de décès que de naissances. Résultat de la poursuite de la baisse des naissances liée à la chute de la fécondité et de l’augmentation des décès sous l’effet d’une population vieillissante.
Le solde migratoire n’est pas mesuré. Il est le résidu de l’équation démographique de l’année, une fois le solde naturel ajouté à la population au 1er janvier. De 2022 à 2024, années qui nous intéressent ici plus particulièrement, il est calculé arbitrairement en faisant la moyenne des années 2019, 2020 et 2021 pour lesquelles ce solde a été déclaré définitif, soit + 160 000. Il sera revu ensuite lorsque les populations au 1er janvier seront connues de manière définitive.
Dans le Population & Sociétés n°620 de mars 2024, l’Ined n’anticipait, en maintenant le niveau de la fécondité à celui de 2023 (1,68), un solde naturel négatif en France entière qu’en 2031. C’est déjà le cas en 2024 en France métropolitaine et cela le sera plus tôt que prévu, vraisemblablement, pour...