Certaines déclarations déconcertent tant elles paraissent éloignées du système de pensée de celui qui les porte. Celle dont il est question ici nous vient de Daniel Cohn-Bendit, ancien député européen sous l’étiquette EELV et soixante-huitard passé de Mao à Macron. Ce dimanche 5 janvier, lors de l’émission de débat qui l’oppose à l’ancien ministre de l’Éducation nationale Luc Ferry sur LCI, le franco-allemand a repris à son compte une notion particulièrement controversée. Alors que les échanges portaient sur Mayotte et le déplacement de Marine Le Pen sur l'île, Daniel Cohn-Bendit a brisé un tabou en évoquant un « grand remplacement » contre lequel il faudrait lutter. Tonnerre à gauche.

Alors que les partisans de ce concept — Éric Zemmour en tête — l’utilisent généralement dans le cadre de la France métropolitaine, "Dany le Rouge" en limite la portée à la seule île de Mayotte. Expliquant maladroitement que « Mayotte c’est pas la France (sic) », et qu’il ne « faut pas confondre  » (sous-entendu : avec la situation de la métropole), il s’est ensuite déclaré tout à favorable, n’étant pas « aveugle », à « freiner et rendre impossible cette immigration », qui correspond à « un grand bouleversement, un grand remplacement de la population ».

Daniel Cohn-Bendit a donc fait, le temps d’une petite phrase… du Renaud Camus, l’écrivain qui a popularisé le concept de « Grand remplacement ». Mais il a circonscrit sa réflexion au seul cas de Mayotte. L’archipel est en proie à une forte immigration depuis deux décennies et notamment la fin de la fin de la libre circulation entre Mayotte et les Comores actée en 1995. Officiellement, le département — statut accordé en 2011 — est le territoire français dans lequel réside la plus forte proportion d’immigrés (34,7 %), selon les chiffres de l’Insee pour l’année 2021. Mais c’est sans...