Adieu les cons
EDITO. La 46ème cérémonie des César restera probablement un modèle du genre. Un modèle de dévoiement, s’entend. 9% de part d’audience pour une cérémonie gênante, voire par moment carrément sinistre. Une sanction pour un cinéma français qui s’affirme au bord du gouffre et qui fait tout pour qu’on l’y laisse.
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Il y a la décadence dont on parle entre amis ou collègues, parfois sans trop y croire soi-même et avec des guillemets plein la bouche. Et puis il y a les preuves de la décadence, quand vous allumez la télé après une semaine de travail et que vous voyez Marina Foïs ouvrir la cérémonie des César avec une crotte de chien à la main. Ça parle Covid et féminisme dès la deuxième phrase. La télé est déjà éteinte et vous vous souvenez de Jean Gabin ouvrant la cérémonie des César 1976. Réac’ ou pas, la nostalgie est parfois affaire d’exigence.
Le record paraissait difficile à battre, après un cru 2020 prodigue en indignations cousues main (souvenez-vous : Foresti, Haenel, Polanski, Ladj Ly…), et pourtant, la cérémonie 2021 aura donné l’occasion au gratin du parisianisme subventionné de faire mieux, c’est-à-dire pire. Les pesticides aux Antilles, Adama Traoré, Michel Zecler, « Balance ton porc », l’esclavage, l’islamogauchisme, les Églises ouvertes par temps de Covid, accablante preuve, à n’en pas douter, d’une laïcité bafouée par un Etat bigot… chacun y allant de sa petite tirade cynique et complaisante. Quand exactement ces gens-là parlent-ils de leur métier ?
Tout cela manquait singulièrement d’humour et de légèreté. La vulgarité en robe pailletée Vuitton, ça reste la vulgarité. Celle qui met en scène - à défaut de pouvoir momentanément la graver sur pellicule - l’entre-soi, l’artificialité, la mièvrerie humanitariste et l’autosatisfaction collégiale. « Lourds et épais », aurait dit Céline qui, tout sulfureux qu’il fût, en savait plus sur la finesse que tous les diamantaires du monde.
De temps en temps, entre deux stand-up politiques, il était question d’un film, comme un coup de pistolet dans un concert de platitudes. Et puis finalement, l’actrice Corinne Masiero (meilleur désespoir féminin), tampons hygiéniques en guise de boucles d’oreille, est apparue toute nue sur scène,...