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Bouquets

CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, le pouvoir des fleurs...

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Voici, mesdames, quelques bouquets odoriférants et bigarrés cueillis dans le triomphe de cet été millésimé 2021, entre deux balades champêtres et quelques souvenirs secrets. Enfant, je ne savais des fleurs que cette palette de couleurs ornant notre petite arrière-cour. Ma mère, désormais partie pour trop longtemps, apportait à cette botanique un soin inimitable.

Aujourd’hui, subsiste de cette époque quelques jardinières désordonnées où pousse entre un ersatz de géranium et deux timides pensées un peu de misère blanche. Les fleurs, voyez-vous, n’ont qu’un seul maître en amour et se laissent aller, je le crois, dès qu’il s’éloigne pour toujours. En voici une gerbe universelle fauchée au hasard de quelques polygraphies de saison.

Pour commencer parlons des roses dont il faut se méfier si elles sont panachées. Pour ne pas vous tromper, plébiscitez la blanche qui vaut un amour pur ou la rouge qui signifie l’union. Si en revanche, vous souhaitez dissimuler vos penchants offrez un réséda. Si vous souffrez secrètement, optez pour la campanule. Si vous ignorez l’amour, offrez quelques renoncules. Avec l’anémone, rouge de préférence, on reconnaîtra d’emblée votre persévérance. Quelques amaryllis, mesdames, et vous serez courtisées.

Quelques orchidées et vous serez séduites. Mais attention, chers pastoureaux, avant d’effeuiller la marguerite, car le langage des fleurs est sournois. Offrez un lotus et elle saura que tout est fini, une absinthe vous lui causerez du tourment, un asphodèle vous lui avouerez d’autres penchants, un plan de myrtille elle vous oubliera, un nénuphar votre cœur restera froid, un hellébore elle vous prendra pour un prétentieux, un basilic vous ne serez jamais heureux.

Pour ne rien regretter, offrez du chèvrefeuille, une pensée pour l’affection, un bouton d’or pour la joie. En ce qui me concerne je penche pour les capucines qui pourtant, paraît-il, ferment les cœurs et pour l’œillet qui aime le bonheur....

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