Ce que la confiance est au droit : entretien avec le professeur Tommaso Greco
ENTRETIEN. Dans La loi de la confiance. Aux racines du droit, le professeur Tommaso Greco démontre en quoi la confiance constitue l’essence même du droit et nous livre ici ses réflexions appliquées à la gestion juridique du Covid-19.
Maud Coudrais. Comment ce livre s’inscrit-il dans votre parcours ?
Tommaso Greco. J’ai toujours eu du mal à penser que le thème des relations humaines devait rester confiné dans la sphère privée. L’importance qu’elles ont dans nos vies m’a poussé à remettre en question l’idée que droit et politique puissent être construits sur la dissociation et sur le conflit. Il est vrai que les hommes entrent en conflit et en compétition (lesquels font partie intégrante de la relation humaine), mais il est tout aussi vrai qu’ils collaborent. Cette préoccupation doit évidemment beaucoup à mon expérience personnelle. Dans mes premiers travaux – je me réfère à mes livres sur Norberto Bobbio ou sur Simone Weil –, j’ai cherché à lire ces auteurs du point de vue relationnel, même si ce n’était pas leur préoccupation centrale. Ensuite, cette question est devenue objet plus direct d’étude et j’ai écrit un livre sur le rapport entre droit et lien social.
MC. Comment l’idée vous est-elle venue d’écrire un livre sur le rapport entre la loi et la confiance ?
TG. L’occasion en a été la participation à un projet de recherche sur le rapport entre confiance et droit. Mais en réalité, c’était l’occasion que je cherchais depuis un certain temps. Depuis de nombreuses années, en fait, je voulais écrire un article sur le thème de la méfiance qui est à la base de notre système juridique et en particulier de notre structure administrative et bureaucratique. C’est un thème que j’aborde toujours avec mes étudiants, quand je...