"Céline? Je suis preneur à cent pour cent!"
Philippe Chevallier nous confie son admiration pour Louis-Ferdinand Céline.
Fred m’a téléphoné: «Tu as vu le film sur Céline?» Je lui ai demandé, surpris, ce que c’était, car je n’étais pas au courant. «Si! m’a-t-il répondu. Il y a eu un peu de pub, mais les critiques n'ont pas été très bonnes…» En fin d’après-midi le jour-même, je décide de louer le long-métrage et m'installe devant mon téléviseur. Le scénario concerne un épisode de la vie du spécimen où, en exil au Danemark, il reçoit la visite du jeune universitaire juif américain, Milton Hindus, qui veut le rencontrer pour écrire un ouvrage sur lui et comprendre, si cela est possible, pourquoi il est antisémite.
Dès l’apparition à l’image du comédien qui interprète le grand auteur, je suis pris de fou rire: pour jouer ce gaillard d’un mètre quatre-vingt-deux, certes racorni et diminué physiquement après la guerre, le réalisateur a choisi un nabot avec une grosse tête à la peau vérolée et une voix à la Mounet-Sully. Un bouffon shakespearien qui pourrait être le frère de la célèbre achondroplase du paysage audio-visuel français: Mimie Mathy. Il arrive à la taille de l’actrice qui joue Lucette… Un organe vocal de stentor qui pousse des gueulantes homériques pour un oui, pour un non… Il n’y a ni le plumage, ni le ramage: où est la musique plaintive et discrète, où est la silhouette légendaire, grande et courbée par une destinée infernale? A la place, on a un farfadet sur- excité, un korrigan de carnaval qui nous vient tout droit du théâtre subventionné et qui nous le fait savoir par des simagrées qui fleurent bon le cinéma d’Art et d’Essai et l’affiliation aux intermittents du spectacle…
Faut dire que le réalisateur a un beau pédigrée: c’est Emmanuel Bourdieu, le fils du sociologue, l’un des trois Pieds Nickelés qui ont régné pendant quarante ans...