Demain, le gaullisme

Peter Huc, abonné à Front populaire, juge que le gaullisme s’impose à nouveau après avoir été abandonné par ceux qui s’en étaient pourtant faits les héritiers.

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J’avais pris l’habitude de revendiquer mon gaullisme comme une position esthétique. C’était sa seule voie d’existence. Le réel interdisait d’être gaulliste. Les traités divers, la doxa politique, les élites et leur religion sans-frontiériste. Tout, dans nos vies, faisait du gaullisme une chimère. Gaulliste était un adjectif équivalent à « doux rêveur », « sympathique emmerdeur », « glorieux passéiste ». Le gaullisme était mort, comme le Général. Le gaullisme était enterré, comme l’idée d’une France madone aux fresques des murs. Sous la terre, l’honneur, la grandeur, la gloire.

L’heure était à la start-up nation, à l’homo économicus, à la rationalisation budgétaire. Le nouveau monde adorait la technologie et abhorrait l’Histoire et son cortège de tragédie. Bien sûr, le sang avait coulé dans une salle de rédaction. Il y avait eu des corps étendus dans les rues, sur des terrasses. Mais nous avions nos crayons, levés pour protester. Nous avions des éditorialistes, des comiques, des discours : tout l’attirail du citoyen progressiste capable d’affirmer « vous n’aurez pas ma haine ». Nous étions décidément bien équipés. Qui plus est, nous avions le « vivre-ensemble » et de quoi « faire société ».

Le courage du réalisme

Voilà qu’arrive un virus. Pas un virus informatique, un vecteur moderne de destruction, non. Un virus sorti du caniveau. Un ennemi à ras de terre. Une saloperie de marché. L’étal, la poissonnerie, les déchets alimentaires, une puanteur d’un autre temps. Effondrement. Les bourses, les échanges, l’optimisme, le ricanement : tout s’écroule. Un début de questionnement. On a peur du ridicule, alors on y va en douceur.

Souveraineté. Relocalisation. Maîtrise de notre destin. Les gros mots fleurissent. C’est le printemps. Nous voici regardant vers l’intérieur. Ici, c’est chez moi. Dans quel état est la maison ? Si on changeait ? Si on rêvait le rêve le plus fou de notre époque : prendre acte du réel. Ouvrir les yeux. Pratiquer un petit exercice...

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