Douchy-les-Mines : le plat pays qui était le mien
RÉCIT. Cet été, Front Populaire propose à ses lecteurs de partager un voyage, une histoire, un morceau de France. Né à Douchy-les-Mines, l’auteur décrit avec nostalgie les souvenirs qu’il garde de son enfance dans cette commune ouvrière, véritable concentré de l’identité Ch’ti.
Douchy-les-Mines… À la seule évocation de la commune où je vis le jour, aucun doute n’est permis : cela fleure bon le Nord. De cette petite maison, sise à quelques pas du canal de l’Escaut dans un quartier dit « du marais », modeste demeure où c’est sur la table de la cuisine que je poussais mes premiers cris, mais que j’allais rapidement quitter, je n’ai que quelques flashs en guise de souvenirs. C’est en effet à l’horizon de mes trois ans que mes parents élurent domicile à Denain, dans l’un de ces fameux « corons du Nord », image emblématique de l’activité minière de la région. C’est là que je m’éveillais au monde et pris véritablement conscience de mon moi et de l’environnement qui m’entourait.
J’avais tout loisir de l’observer en parcourant quatre fois par jour le chemin qui menait à l’école « Voltaire ». La majorité des rues étaient pavées de ce qui faisait déjà depuis longtemps la renommée de la course cycliste Paris-Roubaix. Les automobiles étaient rares, mais le bruit du fer sur la pierre de la voiture de livraison de la brasserie locale, tractée par deux solides percherons jalonnant régulièrement la chaussée de leur crottin, faisait partie du quotidien. Tout comme le passage à niveau où, attendant derrière les barrières baissées, j’observais, tous mes sens en éveil, les moindres détails du mouvement de l’embiellage et le départ laborieux de ces locomotives, disparaissant fugitivement dans un nuage de vapeur blanche tout en lâchant de retentissant « Tchou-Tchou ». Les rues commerçantes étaient une interminable suite de boutiques et échoppes en tout genre… Chausseurs, cordonniers, tailleurs, drogueries, herboristeries, librairies… toutes sources de questionnements et d’émerveillements.
Sur ce chemin d’écolier, ponctué de nombreux cafés et autres bistrots, je croisais la noria incessante d’un monde ouvrier qui aimait à y trouver refuge. La vie de ces manœuvres était rythmée...