D’un Houellebecq l’autre
ARTICLE. Dans la cadre de la promotion de son nouveau livre, Michel Houellebecq s’excuse des divers scandales qu’il a causés ces derniers mois, entre tournage d’un porno malgré lui et propos tenus dans nos colonnes en novembre. À l’en croire, c’est par manque de rigueur qu’il aurait pêché, en ne se relisant pas consciencieusement. Une légèreté qu’il a aujourd’hui la mauvaise grâce de nous reprocher.
« M. de Chateaubriand vieillit par le caractère encore plus encore que par le talent. Le voilà qui devient bougon et hargneux (…) Triste chose qu’un lion qui aboie. » Cette constatation de Victor Hugo dans Choses vues pourrait sans doute valoir pour d’autres temps, pour d’autres lieux. Gare au démon de l’anachronisme, bien sûr, mais certaines paroles débordent de l’histoire, notamment lorsqu’elles touchent quelque chose du cœur des hommes. Triste chose, en effet, qu’un lion qui aboie.
Or que dire d’autre ? Le spectacle donné par Michel Houellebecq depuis deux semaines n’a rien de réjouissant, en premier lieu pour lui, mais aussi pour nous qui avons mené à bien ce projet d’entretien – qu’il renie aujourd’hui – avec envie, enthousiasme et confiance. À l’occasion de la parution de son dernier ouvrage sobrement intitulé Quelques mois dans ma vie, Michel Houellebecq fait le tour des médias pour expliquer à qui veut l’entendre qu’il a été abusé – dans cette histoire d’entretien comme dans celle, moins sérieuse mais tout aussi triste, de ce que la postérité retiendra comme « le porno de Houellebecq ».
S’il n’en allait que des changements d’humeur et d’opinions d’un écrivain français au sujet d’une problématique de société – et de civilisation en l’occurrence –, bref si Michel Houellebecq s’en tenait à déclarer qu’il s’est abusé lui-même, il n’y aurait rien à redire. Peut-être une part du secret de la littérature réside-t-elle d’ailleurs dans cette discrète évidence. Chacun est en droit de changer d’avis, c’est même souvent un signe d’intelligence. Peu de gens sont capables de se laisser humilier par la vérité, qui pourtant les redresse. Il en va autrement ici car, en l’espèce, Michel Houellebecq met directement en cause la probité de Front Populaire. Il aurait été abusé… par nous.
Par Michel Onfray, en premier lieu, accusé au cours...