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L’État profond, mythe ou réalité ?

DEBATS. Alors que vient de paraître le tout nouveau numéro de Front Populaire sur l’Etat profond, dont vous pouvez retrouver tous les articles en ligne dans notre rubrique « la revue », Pierre Guerlain nous présente cette notion et nous aide à mieux comprendre ses enjeux pour l’avenir de la démocratie.

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L’expression « État profond » pose un problème sémantique et idéologique complexe. Lorsque Macron l’a utilisée à plusieurs reprises en 2019, notamment à l’occasion du sommet du G7 à Biarritz, il a occasionné beaucoup d’étonnement et de condamnations. Les journaux dominants ont évoqué les origines complotistes de cette notion et le fait que sa version américaine deep state soit fréquemment utilisée par Trump pour dénoncer les médias ou les services secrets de son pays.

L’émoi suscité par l’utilisation de cette expression par le président français tient au fait que Macron est souvent considéré comme l’anti-Trump : il serait le représentant de la démocratie contre le représentant du « populisme », autre terme dont la validité scientifique est problématique(1). Néanmoins, comme l’ont noté divers analystes, dont Thomas Piketty sur les réformes économiques, les points de convergence entre Trump et Macron existent et l’opposition entre néolibéral démocratique et populiste à tendance autoritaire s’avère problématique.

Qu’est-ce que l’État profond ?

L’expression « État profond » vient de Turquie où, dans les années 1960, elle aurait été utilisée par le Premier ministre Bülent Ecevit pour évoquer un service clandestin de contre-guérilla de l’armée. Le concept a voyagé et a été utilisé dans divers contextes historiques mais la filiation retenue pour expliquer son apparition en France passe par les États-Unis. Le journal Le Monde évoque à ce propos « un fantasme, celui d’une administration parallèle où se côtoieraient financiers de haut vol, honorables correspondants des services de renseignement, hommes politiques, hauts fonctionnaires. » Cette opinion est celle des médias dominants qui voient dans l’utilisation de l’expression une prérogative des sites complotistes d’extrême droite. En effet, l’extrême droite xénophobe américaine et des organes de presse tels que Breitbart ou Fox News utilisent cette expression pour dénoncer ou décrédibiliser les opposants à Trump.

Il faut noter cependant que le mot « complotiste » sert à la fois à dénoncer...

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