La boîte à sucre
CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, des boîtes…
C’est à se demander comment je n’y avais pas encore pensé. Et pourtant, de cette étagère où je classe quelques précieuses correspondances à l’abri de l’humidité et des aléas pyrotechniques à cette grange où elle me sert à ranger vis et boulons dépareillés, la boite à sucre est partout.
Et, bien évidemment, ses déclinaisons invitent au voyage. Commençons par cette version bretonne offerte par Brigitte et Louis qui montre une bordée de bigoudènes luttant contre le vent à la Pointe du Raz avant que l’hôtel de l’Iroise soit démoli, tout simplement parce que l’endroit était appelé à devenir Grand site national. La boite en question abritait bien sûr des palets bretons.
Arrive ensuite en bonne place, entre la bouteille de rancio et le sachet de frigoulette, la boite en fer blanc, format invariable, qui contenait des rousquilles. Elle montre un couple de sardanistes équipé, comme il se doit, de vigatanes. Enfin, voici la boite auvergnate où cabrettes et accordéons célèbrent quelques bourrées et autres mazurkas d’Espalion au pied du Plomb du Cantal ou devant le viaduc de Garabit.
Toujours posée sur la toile cirée, non loin du dessous de plat et de l’étui à lunettes, la boite à sucre se transmet de génération en génération. Avec le « clac » du couvercle qui signifie la fin de la pause. Le café remué avec le manche de la fourchette après le repas. La main passée entre le front et le béret, le paquet de tabac gris, la clôture qu’il faut aller repérer. Et l’heure de la traite qui n’attend pas.