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Le vent
CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, un souffle bien connu des touristes et des cultivateurs...
Décrié par les uns, attendu par les autres, il est le souffre-douleur des touristes et le compagnon du paysan. Car que serait notre sud sans tramontane, sans mistral, sans autan ?Que seraient nos garrigues, nos rivages, nos coteaux et nos cimes sans ce vent qui soulève les jupes des filles et fait tanguer nos cerf-volants ?
Voici donc ce zef, comme l’on dit chez les argotiques, qui vous ébouriffe le chignon, vous retourne le parasol, vous fait valser l’embarcation, vous déracine le mimosa ou vous arrache l'auvent.
Certains, j’en conviens, y sont catégoriquement allergiques et n’ont pour les couplets de Marcel Amont que bien peu de penchant. Il est vrai qu’en plein mois d’août, lorsqu’il vient coller au beignet et aux yeux du marmot la serviette du voisin et la poudre de son sable chaud, on ne peut guère l’apprécier. Il ne passe pas non plus pour être l’allié des touristes quand ces derniers, aoûtiens bataves ou anglo-saxons bermudas, se cramponnent à leur volant entre Cerbère et Menton pour ne pas finir en mer ou sur un parc à huîtres.
Mais que voulez vous, j’ai grandi avec celle qui fut ma compagne champêtre et je lui dois bien cette bafouille. Une joue gelée, l’autre brûlante, penchés entre deux giboulées sur quelques ceps de vigne, anonymes tels deux pénitents sous nos parkas, elle fut, lorsque je travaillais avec mon père, l’alter ego de mes vingt ans. Je veux parler bien sur de cette tramontane qui concerne les Catalans près de deux cents jours par an, et qui sert, parait-il, à faire tourner quelques grands tourniquets blancs.
Pour clore ce propos, citons Victor Hugo qui écrivit : « Tout sur terre appartient aux princes, sauf le vent ». Mais pour l’heure, je vous laisse méditer sur ce que nous réserve Eole, son...
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