Les Français ne comprennent pas la souveraineté
ARTICLE. La Fondation Jean-Jaurès a publié mardi en coopération avec une fondation allemande les résultats d’un sondage Ipsos sur la souveraineté. Résultat : les Français ont une mauvaise compréhension de la notion de souveraineté !
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Non, la souveraineté n’est pas la puissance, encore moins le nationalisme. C’est pourtant ce que semblent penser les Français interrogés dans l’enquête Ipsos pour la Fondation Jean-Jaurès. Nous en avons parlé mardi pour décrypter la représentation que pouvaient avoir les Français d’une potentielle « souveraineté européenne », concept absolument contradictoire dans les termes. A bien l’éplucher, nous voyons qu’une grande incompréhension règne autour de la notion de souveraineté elle-même.
Les sondeurs ont demandé à des citoyens de différents pays européens, parmi une série de mots – indépendance, puissance, autodétermination, nationalisme, liberté, protectionnisme…- , lesquels étaient ceux qui leur évoquaient spontanément le terme de « souveraineté », par ordre d’évocation. Les réponses sont éloquentes, surtout si l’on met en miroir celles françaises et allemandes.
En pourcentage, les Français raccordent en premier la notion souveraineté à celle de « puissance » (51%), puis celle de nationalisme (43%). L’indépendance arrive en troisième position (31%) et l’autodétermination en quatrième (22%), devant le protectionnisme (26%), puis la liberté (15%). Que nous disent les Allemands ? L’inverse : indépendance (63%), autodétermination (53%), liberté (35%), puissance (23%), nationalisme (7%), protectionnisme (6%). « L’Allemagne est le miroir inversé de la France », note d’ailleurs le directeur général de la Fondation Jean Jaurès, Gilles Finchelstein.
Selon Gilles Finchelstein, les réponses des Français s’expliquent par un « imaginaire monarchique » bien ancré qui politise naturellement la notion de souveraineté. Le directeur délégué de l’Ipsos, Brice Teinturier, ajoute : « En France, le terme de souverainetéest enraciné du côté de la droite et du passé, de la puissance et du nationalisme. En Allemagne, il est moderne et apolitique. » Intéressant : la souveraineté renvoie pour les Français à une grandeur passée, tandis qu’elle est perçue comme actuelle pour les Allemands. Toute ressemblance avec le fonctionnement de l’Union européenne serait évidemment absolument fortuite.
Or, ce sont ici bien davantage les Allemands qui ont raison. Les Français semblent...