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Les pendules
CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, le bruit des pendules et la recherche d'un temps perdu.
Nous avons tous en souvenance quelques après-midi d’été, passés dans la fraîcheur d’une grande pièce attenante à la ferme, à écouter le va et viens du grand balancier, celui qui digère le temps et sépare les secondes.
Rappelez-vous, le ciel était beau et le matin même vous vous étiez promené dans les prés alentour. Au sein de la grande bâtisse dominaient des odeurs d’encaustique qui se mêlaient à celle qu’exhalaient, au-dehors, les pins et le passage des troupeaux.
Au loin, probablement devant la maison du garde-barrière, un train passait dans le ciel rouge et vous attendiez votre cousine qui devait arriver sur le coup de quatre heures. Vous étiez enfant ou bien était-ce cet été. Si l’âge était une vue de l’esprit, nous dirions que tout cela n’a guère d’importance, mais elle est là toute proche avec ses aiguilles que rien ne peut arrêter. Rien, ni le fil des saisons, ni la marche des siècles, ni l’histoire des hommes qui ne sait lui résister.
Elle nous tient compagnie et elle nous aide à passer quand, comme le disait Escudero, on ne compte plus le temps, c’est le temps qui nous compte. Alors, on lui pardonne aisément, vous en conviendrez, cette implacable cadence, car elle est belle, taillée à la Desproges comme un cyclope, avec une application digne de celle d’un luthier dans du merisier 19ème. Sa gaine est ornée de fleurs roses et de discrets liserons. Incurvés de part et d’autre de ses hanches basses, ils figurent quelques « chromolithographies » de saison.
Un mot enfin, sur notre oncle Henry qui voudrait être expédié post mortem, couché dans le ventre de sa grande horloge, histoire peut être de remettre ad patres quelques pendules à l’heure. Et une pensée pour ce modèle « œil de bœuf » qui grignote à nouveau...
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