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Mouchoirs et torchons
CHRONIQUE. Tout au long de l'été, notre camarade Jean-Paul Pelras nous incite, avec ces chroniques champêtres, à nous replonger dans ce flot de souvenirs qui font notre identité collective. Aujourd'hui, le rôle non négligeable des mouchoirs et des torchons.
Commençons par cette citation que nous devons à Gomez de la Serna, écrivain espagnol plus connu sous le nom de Ramon : « Les mouettes naissent des mouchoirs que l’on agite au départ du bateau » Et continuons avec celle-ci, un peu moins révérencieuse attribuée à Pierre Perret : « Le mouchoir, c’est un parc à huîtres » Deux formules qui désignent bien la polyvalence du bout de tissu en question utilisé comme sudarium pour se tamponner le front chez les Grecs, puis comme mucinium par les matrones romaines pour dégager le sinus. Précisons encore qu’au Japon il servait à essuyer le sabre et quelque organe masculin également célébré par l’auteur de La cage aux oiseaux.
C’est le clergé qui adopta ensuite le mouchoir comme linge de messe alors que nobles et croquants utilisent encore leurs doigts ou le revers de leur manche pour libérer le mucus. D’utilitaire, le rôle du mouchoir évolue ensuite vers le monde de la mode où il est porté au col et à la poche ou noué aux quatre coins du crâne en pleine canicule. Vient ensuite son industrialisation avec celui en cellulose qui envahit nos poubelles et déboise nos forêts. On en compte 330 milliards d’exemplaires commercialisés chaque année par une seule marque célèbre.
Bien sûr, le mouchoir en tissu pollue aussi par la lessive qui le nettoie. Mais reconnaissons-lui un côté affectif. Je conserve, à ce titre, celui qui essuya mes larmes lorsque je perdis celle qui fut à l’origine de ma propre histoire. Je ne le mélange jamais avec ces torchons qui ne sont pas des serviettes et qui brûlent parfois quand, sur certaines histoires, on ne sait pas mettre un mouchoir.
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