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Richard Glazar : « Derrière la clôture verte. Survivre à Treblinka »

CONTRIBUTION / OPINION. Dans Derrière la clôture verte. Survivre à Treblinka, Richard Glazar raconte, à travers l’histoire d’un Juif Tchèque évadé de Treblinka, le combat contre la mort et contre l’oubli des déportés.

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« Un air d’octobre une romance / plus douce que le mois de mai », écrivait Louis Aragon Mais octobre a perdu sa douceur.

Je voudrais engager à lire Derrière la clôture verte. Survivre à Treblinka (Actes Sud, septembre 2023) de Richard Glazar. C’est l’histoire d’un Juif Tchèque déporté à Treblinka, évadé de Treblinka, qui raconte sa vie, la vie des autres, la mort surtout. Treblinka est le lieu d’un génocide. Les Juifs n’ont pas subi des assassinats éparpillés. On les a transportés dans des lieux de mort, pour qu’ils n’aient aucune chance d’en réchapper.

La guerre, on pourra l’accoler aux adjectifs les plus tranchants, elle ne peut pas être comparée à un génocide. Dans les défilés pro-palestiniens, des pancartes associent Gaza à Treblinka. Pour que les distraits se rappellent les leçons de l’Histoire, il suffit de dire qu’à Treblinka, on ne vaccinait pas les enfants juifs contre la polio. Ils étaient gazés dès leur arrivée.

24 hectares, 400 jours, 1 million de morts. On ne peut pas résumer un tel témoignage. On ne peut que le transmettre à travers deux piliers de compréhension : le détachement et l’effacement. Le détachement parce qu’il permet la survie, la mémoire, le témoignage. L’effacement parce qu’il est le corollaire du génocide : faire disparaître, puis faire disparaître les disparus.

Le détachement n’est pas de l’indifférence, c’est une protection instinctive contre la folie, la douleur et la mort. C’est une réponse à la froide sauvagerie des SS, de celui qui tue d’une balle dans la nuque et qui « se procure ainsi, toujours et encore (…) des images toujours renouvelées de la fin de la vie et du début de la mort — cette métamorphose excitante et énigmatique. » (page 59) Détaché, Richard Glazar va devoir l’être pour résister à l’impensable, pour être capable un jour de prononcer ces mots :...

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