44 milliards d’euros de chiffre d'affaire pour Amazon en 2020 en Europe, mais pas d’impôt sur les sociétés
ARTICLE. Malgré ses 44 milliards d’euros de bénéfices réalisés en 2020, Amazon ne paiera pas d’impôt sur les sociétés. Domiciliée au Luxembourg, elle a déclaré une perte comptable de 1,2 milliard d’euros. L’entreprise s’est spécialisée dans l’optimisation fiscale, mais l’OCDE travaille à contrer ces montages.
Grâce à l’optimisation fiscale, Amazon EU SARL, filiale européenne de l’entreprise de Jeff Bezos, n’a déclaré aucun impôt sur les bénéfices réalisés l’année dernière. Pourtant, l’entreprise inscrite comptablement au commerce et aux sociétés du Luxembourg a enregistré pas moins de 44 milliards d’euros de chiffre d'affaire en 2020, d’après une enquête du Guardian. Pire, elle a déclaré une perte d’environ 1,2 milliard d’euros. Ce qui lui permet de bénéficier légalement d’un… crédit d’impôt de 56 millions d’euros, généreusement attribué par le Luxembourg. La loi y est ainsi faite : l’impôt sur les sociétés ne s’y calcule que sur le seul bénéfice net.
Les paradis fiscaux, alliés infatigables des GAFAM
Pour justifier l’incroyable, Amazon EU SARL explique sans frémir avoir obtenu un bénéfice négatif du fait de ses nombreux investissements. Environ 78 milliards d’euros auraient été investis en Europe depuis 2010. L’opacité des comptes publiés par l’entreprise ne permet pas de constater la véracité de ce point. Mais il est clair qu’Amazon profite allégrement de l’optimisation fiscale, comme bon nombre de multinationales qui transfèrent leurs revenus au Luxembourg ou bien encore en Irlande – pays qui, rappelons-le, présentent des taux d’impôt sur les sociétés parmi les plus généreux de l’Europe, respectivement 17 % et 12,5 %. À titre de comparaison, en France, il aurait été de 28 % pour Amazon, au vu de ses béénfices de 2020.
Amazon est régulièrement attaqué sur son goût prononcé pour l’optimisation fiscale ou bien encore pour les conséquences délétères de son activité sur les petits commerces. Fin novembre, les appels à l’annulation du « Black Friday », ainsi que des appels au boycott, avaient fleuri en France. Une preuve de plus d’un début de ras-le-bol, ainsi que d’une certaine prise de conscience dans la population.
Pourtant, le directeur général d’Amazon France, Frédéric Duval, se défend de toutes...