Le mythe du « jour de libération fiscale »
CONTRIBUTION / ANALYSE. Le "jour de libération fiscale", le 17 juillet cette année, est un des nouveaux mantras de certains libéraux qui s'essayent à la démagogie. L'occaison pour l'économiste Claude Rochet, qui s'inquiète aussi bien de l'inefficacité actuelle de l'État que des tentatives de le rendre encore plus inopérant, de remettre quelques points sur quelques "i".
Marion Maréchal a récemment publié une déclaration fêtant le « jour de libération fiscale », pseudo indicateur créé par l’IFRAP, le think-tank des ultra-libéraux, selon lequel il s’agirait d’un point de bascule où l’on cesse de travailler pour l’Etat, au travers de prélèvements, taxes et impôts divers, pour commencer à travailler pour soi. Pendant près de sept mois sur douze, on travaillerait ainsi pour enrichir un État prédateur avant de pouvoir profiter de son travail.
Cet indicateur est-il pertinent ? Autrement dit, pendant les sept mois de joug fiscal, on ne profiterait donc nullement des fruits de son travail ? Cela voudrait dire que pendant ces sept mois, on ne profite ni de routes, ni d’écoles, ni de protection sociale, ni de rien de tout cela. Une telle affirmation relève d’un dogmatisme préjudiciable à une réflexion saine et nécessaire sur le rôle de l’Etat et de la dépense publique.
Il y a un point commun entre les néolibéraux et les archéo-marxistes : ils considèrent tout deux que l’histoire a un moteur, un déterminisme, qui, actionné, résoudrait nos problèmes. Pour les marxistes, ce fut le rôle de la classe ouvrière qui fut renforcé par la dépense publique et l’action de l’Etat. La classe ouvrière disparue en tant que classe organisée, il reste un Etat aussi monstrueux qu’inefficace. Pour les libéraux, cet acteur de l’histoire serait le marché : qu’on en libère les forces et l’économie sera prospère, la gestion des biens collectif assurée et chacun gagnera sa vie correctement. Comme l’a remarqué Joseph Stiglitz, c’est du « bolchévisme de marché », tout aussi dogmatique que l’autre.
Ce serait simple si cela marchait comme cela, mais, si l’on étudie l’histoire du développement de nos nations – ce que ne font jamais les politiciens qui y préfèrent l’idéologie et le prêt à penser –, cela n’a jamais marché comme cela. Aucun pays...