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Barrages hydroélectriques : l'insurmontable diktat juridique de Bruxelles

ARTICLE. Des députés souhaitent faire évoluer les modes de gestion et d'exploitation des installations hydroélectriques. Depuis plus de vingt ans, un conflit juridique oppose la France à l’UE. Une opposition qui empêche tout investissement stratégique.

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Barrage du Chevril (Tignes)Stephane Cande/SIPA


S’il fallait un exemple pour illustrer la capacité de nuisance de l’Union Européenne vis-à-vis des États et de leur souveraineté, ce pourrait bien être celui des barrages hydroélectriques français. Depuis près de vingt ans, Paris et Bruxelles s'opposent dans un bras de fer qui n’a pour issue qu’un immobilisme ubuesque. Alors, deux députés Antoine Armand (Renaissance) et Marie-Noëlle Battistel (PS) entendent faire bouger les lignes et ont décidé de lancer une mission d'information consacrée “aux modes de gestion et d’exploitation des installations hydroélectriques”. Objectif affiché : conserver le patrimoine national et l'atout que représentent nos barrages, menacés par les desiderata néolibéraux de la Commission européenne, sans les céder à une concurrence étrangère.

La France est constellée de barrages. Il en existe plus de 600, en majorité gérés par EDF (70%) et Engie (25%). Ces édifices ne sont pourtant pas au maximum de leur potentiel. Des travaux de “transformations” désirés de longue date par EDF, permettraient d’augmenter significativement la capacité de l’hydraulique à hauteur de  2 GW supplémentaires, soit un peu moins de 10% de la capacité actuelle de 25,4 GW. Et si l’on venait ajouter la construction des nouveaux sites envisagés cette augmentation pourrait s’évaluer entre 3 à 5 GW additionnels.

Ce qui peut paraître faible sur le papier, mais l’électricité de source hydraulique – qui représente 12% du mix électrique français – dispose d’atouts de taille : entièrement renouvelable, largement décarboné, souple d’utilisation, elle est également pilotable contrairement à l’éolien ou le photovoltaïque, intermittents. Un complément idéal au nucléaire dont la gestion s’accommode mal avec les fortes variations de certaines sources d’énergie qui lui sont associées.


L’impasse juridique de l'UE


Il y a donc un intérêt stratégique à développer le potentiel hydraulique de la France. Mais les principaux barrages français sont sous le régime des concessions. L’Union Européenne...

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