En ces temps moroses traversées par de multiples crises, il est un sujet de réjouissance qui subsiste : si les Français ont dû se serrer la ceinture, confrontés à une inflation de plus de 6,2 % sur un an en février, ils auront au moins le plaisir de découvrir qu’ils ont fait quelques heureux. Pas bien nombreux, mais tout de même : les dividendes des grandes entreprises françaises versées au titre de l’exercice 2022 ont atteint 57,9 milliards (contre 45,4 milliards pour 2021). Une augmentation de 27,5% en un an.

Selon la lettre spécialisée Vernimmen.net, il conviendrait d’ajouter également 23,7 milliards en rachat d’actions, pour un total de 81,6 milliards d’euros. De là à parler de « superprofit » ? « Un superprofit ? “Je ne sais pas ce que c’est” », nous expliquait d’ailleurs en août 2022 Bruno Le Maire, ministre de l’Économie de son état. Il s’avouait frileux lorsqu’il s’agissait de demander aux entreprises de mettre la main à la poche si la crise provoquait un effet d’aubaine. Il était alors plutôt question de gaz, d’essence, d’électricité et des bénéfices record de TotalEnergies. Aurait-on pu imaginer que les profiteurs de guerre seraient aussi nombreux ?

François Lenglet attaque les industriels

« Ce qui est frappant, c’est que les entreprises ont réussi à repasser au consommateur l’intégralité » de la hausse de l’inflation, souligne l’économiste François Lenglet dans sa chronique du 3 mars sur RTL. « En fait, les industriels, au moins les grands, n’ont pas du tout payé l’inflation, contrairement à ce qu’ils nous disent », explique-t-il ensuite. Les victimes, puisqu’il faut bien que quelqu’un paie la note de l’inflation, « il y en a plusieurs ». À savoir : « les consommateurs, qui ont vu leur pouvoir d’achat amputé, puisque l’augmentation des prix a été bien plus forte que celle des salaires  », mais aussi « l’État [qui] a...