Les tarifs réglementés de vente d’électricité (les TRVE) ne soustraient pas les Français aux prix excessifs des kWh. Ils ne sont que le premier élément de la facture éclatée entre une sournoise édulcoration commerciale, la fiscalité et le rançonnement multiforme d’une EDF sous curatelle, ne pouvant être acquittée que par les impôts.

Pressée par la Commission européenne de libéraliser le marché de l’électricité, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) estime que nos tarifs réglementés de vente (TRVE) ne sont pas remplaçables à court terme. Dans son rapport du 19 novembre dernier, elle les juge non seulement compatibles avec le bon fonctionnement du marché et le développement de la concurrence, mais protecteurs du pouvoir d’achat des ménages dans son rôle d’amortisseur consistant à lisser sur deux ans la facturation boursière d’un prix du kWh dont on ne retient que la moyenne du cours sur la période. Pour preuve de la compatibilité marchande de ce système, selon la CRE, EDF, en complément de son tarif de base, propose les tarifs heures creuses — plébiscité par 45 % des clients — et tempo incitant l’usager à décaler ses consommations.

De fait, la concurrence ne s’exerce que sur la part matière première électrique de la facture, représentant 45 % du montant de cette dernière, après y avoir retiré les taxes et les services transport et distribution du courant payés à RTE, le gestionnaire du réseau électrique, et à Enedis au moyen du TURPE (tarif d'utilisation du réseau public d'électricité). Seule cette part matière première, placée de surcroît sous la férule du mécanisme Arenh — le rançonnement d’EDF prétendant réguler l’accès à l’énergie nucléaire historique arrivant l’an prochain à obsolescence — est donc soumise à la limitation TRVE.

Piller EDF pour plaire à l'Europe

Le 19 novembre, l’autorité française de la concurrence n’en a...