Faisant preuve depuis le récent remaniement d'une imagination "sans Borne" en matière de démonstration irrationnelle, telle son explication des émeutes de banlieues de juin dernier par l' « oisiveté »  lors de sa conférence de presse, ce serait selon les dires du président le « fléau de l'infertilité" qui serait maintenant cause de la chute démographique. Le financement des retraites dépendrait d'un peuple davantage "fécond". Elément troublant, les quelque 8,5 millions de Français nés à l'étranger vivant en France n'ont pas été épargnés par le délire macronien et seraient eux aussi désignés comme frappés du « fléau de l'infertilité ». Le krach des reproducteurs hexagonaux et la responsabilité invoquée des « boomers » expliquent-t-ils à eux seuls la déconfiture de notre système par répartition ? La question mérite une analyse davantage pragmatique.

Quelques observations : 

De 1900 à 1945, mis à part lors des deux Guerres mondiales, la population française n'a que peu varié. Par contre, et malgré une volonté gouvernementale de soutenir la natalité, comme la création en 1922 du Prix Cognac Jay récompensant les familles nombreuses, le taux de natalité n'a cessé de décroitre. Si cette tendance baissière (-5318 naissances/an) avait perduré à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, l'ordre de grandeur des naissances en 2023 serait de 236000, c’est-à-dire 148000 de moins qu'au plus bas historique de 1916, où il était de 384676. Dans cette hypothèse le "baby boom" n'aurait jamais existé.

Si aucun facteur n'avait modifié le taux de natalité après l'armistice de 1918, au lendemain de celui de 1945 le rebond économique, consécutif aux accords de Bretton Woods et à l'adoption du plan Marshall par les États-Unis, va relancer les naissances dans l'ensemble des pays occidentaux. À rebours du contexte mondial entre 1900 et1945, cette période, dite aussi "des Trente glorieuses", se caractérisait en particulier par...