Marché européen de l’électricité : le nucléaire est sauvé, mais à quel prix ?
ARTICLE. La réforme discutée lors du dernier Conseil européen aurait pu exclure les installations nucléaires existantes des nouveaux dispositifs, mais heureusement, cela ne devrait pas le cas. Pour autant, les contreparties, qui restent floues, devraient placer un peu plus la France sous la coupole des instances européennes.
Décorréler les prix du marché de l’électricité de celui du cours du gaz, telle est l’ambition de cette réforme attendue depuis plus de deux ans par la France. Depuis de nombreux mois (pour ne pas dire années), deux camps s’affrontent : les partisans de l’énergie nucléaire, et ceux qui ont préféré lui tourner le dos au profit du gaz — l'Allemagne en tête — quitte à accroître drastiquement leur dépendance à des exportations étrangères et à des partenaires plus ou moins fiables. Officieusement indexé sur le cours du gaz, le marché de l’électricité ne devrait plus dépendre de cette énergie fossile. Ainsi a tranché le Conseil européen, qui réunit les chefs d'État des Vingt-sept, ce mardi 17 octobre, avant que les négociations avec Parlement européen ne débutent le 19 octobre.
Il aura fallu la crise ukrainienne pour que l’Europe se saisisse enfin du sujet, afin de protéger les consommateurs dont les finances sont comprimées par l’inflation du coût de l’énergie, et en premier lieu du gaz. La réforme entend développer les contrats d’achat d’électricité (PPA), grâce aux contrats sur différence (CfD) bilatéraux. Derrière ces expressions indigestes, des contrats à long terme publics pour soutenir les investissements. Quand le prix du marché est plus bas que le minimum contractualisé, l’État compense le manque à gagner au producteur. Quand le prix dépasse la limite fixée par le contrat, alors c’est le producteur qui rembourse les bénéfices exceptionnels à l’État.
Crainte de la concurrence déloyale du nucléaire
Que fallait-il faire du nucléaire dans cette équation ? On le sait, l’Union européenne ne porte pas l’atome dans son cœur. C’est presque dans son ADN. Mais la France, depuis la réélection d’Emmanuel Macron (qui décidément aura mis du temps à comprendre) semble enfin se décider à être volontariste et à défendre ses atouts face à la coalition...