Ne plus indemniser les arrêts maladie de moins de huit jours : les actifs dans le viseur de la Cour des comptes
ARTICLE. Pour faire face aux dépenses induises par l’augmentation des arrêts de travail constatés entre 2017 et 2022, la Cour des comptes propose un nouveau et radical tour de vis (anti)social à destination des actifs.
Les individus ne sont-ils donc décidément que des petits chiffres alignés sur des tableurs Excel ? Vu de la Cour des comptes, il semblerait que oui. La juridiction indépendante s’est penchée sur l’indemnisation des arrêts de travail pour maladie, dans le cadre de son rapport sur la Sécurité sociale rendu public le mercredi 29 mai. Elle y fait une proposition qui n’a pas manqué de faire bondir : ne plus indemniser les arrêts maladie de moins de 8 jours.
La Cour des comptes cherche à combler les déficits de la Sécurité sociale. Celui des de 2023 s’est élevé à 10,8 milliards d’euros, contre 7,1 prévus initialement au budget. Une dérive comptable que la Cour entend résorber. La branche maladie en supporte l’essentiel, autour de 11,1 milliards d'euros. Parmi les axes d’analyse et d’amélioration, les arrêts maladie des actifs. En 2022, les dépenses d’indemnités journalières maladie s’élevaient à 12 milliards d'euros. Une augmentation considérable en cinq ans, de l’ordre de 56 %. En 2017, on n'était qu'à 7,6 milliards.
La Cour des comptes identifie deux types de facteurs d'explication. D’une part, la crise sanitaire liée au Covid, avec 30 % d’arrêts supplémentaires en 2020 par rapport à 2019. En incluant les divers coûts de gestion, cette crise pèserait pour 2,1 milliards d'euros. D’autre part, des facteurs démographiques et économiques. La population vieillit. Les plus de 55 ans représentaient 18,3 % de la population active en 2022 mais « 27 % des journées indemnisées par l’assurance maladie au titre des indemnités journalières maladie » notent les auteurs du rapport, qui ajoutent que « la durée moyenne des arrêts de travail indemnisés des 55-59 ans s’établissait à 53 jours en 2022, contre 29 jours pour les 35-39 ans ». Assez logiquement, une population qui vieillit voit son nombre d’arrêts maladie et ses coûts augmenter.