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Nucléaire et Macron : Un haut-commissaire au CEA ? Mais pour quoi faire ?

ARTICLE. Les deux derniers Hauts-Commissaires à l’Énergie atomique depuis 2012 ont livré un témoignage édifiant lors de leur audition à l’Assemblée nationale : la stratégie énergétique — notamment nucléaire — depuis dix ans s’est dessinée sans qu’ils n’y soient pleinement associés, et ce malgré leur rôle scientifique et stratégique.

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Peut-on décider de l’avenir énergétique de la France et du devenir industriel et technologique nucléaire de l’Hexagone sans convier l’expert du domaine nommé par le président lui-même par décret ? Aussi incroyable que cela puisse paraître — en réalité, elle est la suite logique d’une décision (l’abaissement à 50 % de la part du nucléaire dans le mix énergétique français) guidée par un calcul politique —, impossible n’est pas français. C’est en tout cas ce qui ressort des auditions ce dernier mois des deux derniers Hauts-Commissaires à l’Énergie atomique (CEA) par la commission d’enquête « visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France ».

« Le titulaire de ce poste, défini par la loi, remplit une mission de conseil scientifique auprès du Gouvernement et de l’administrateur général du CEA sur les missions du CEA, notamment celles relatives au nucléaire civil », explique en préambule de son intervention Yves Brechet, Haut-commissaire entre 2012 et 2018. L’entretien avec les parlementaires se veut alors musclé : « Je lirai donc un texte que j’ai écrit pour vous. Il vous semblera peut-être rugueux ; dites-vous qu’il s’agit d’un témoignage sincère et véritable », prévient le scientifique.

Parmi les — nombreux — griefs d’Yves Brechet, la non-prise en compte des nombreux rapports à destination des ministères, voire du président de la République. « Les rapports étaient systématiquement remis en mains propres aux conseillers techniques concernés », explique-t-il, avant d’asséner implacablement, « ce qui en a été fait, ou plutôt ce qui n’en a pas été fait, est de la responsabilité des décideurs qui en ont été destinataires ». 4000 pages de rapports qui portaient, entre autres sur le risque de « black-out » et de la « menace permanente pour le système électrique avec des conséquences sanitaires potentiellement graves »,...

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