On pensait avoir tourné la page, mais les conséquences du « quoi qu’il en coûte » de la période Covid sont encore bien là. C’est notamment le cas au niveau européen où les effets du plan de relance adopté dès l’été 2020 tardent à se faire ressentir. En témoigne un rapport de la Cour des comptes européenne paru ce lundi 2 septembre, pointant du doigt les retards de distribution des quelques 800 milliards d’euros du fonds de relance qui de ce fait, n’ont pas encore ruisselé dans l’économie réelle.

Il faut dire que la majeure partie de ce plan massif n’est pas directement destinée à remplir les caisses vides des entreprises lésées par les mesures restrictives. 724 milliards d’euros de l’enveloppe totale sont en effet alloués, sous la forme de subventions (jusqu’à 338 milliards d’euros) ou sous la forme de prêts (jusqu’à 385,8 milliards d’euros), à la Facilité pour la reprise et la résilience (FRR). Le déboursement de fonds dédiés à six domaines dont la transition climatique et la numérisation de l’économie doit s’étaler de 2021 à 2026. Or à la fin de l’année 2023, moins d’un tiers de cette somme (213 milliards) a été allouée, pointe le rapport qui résume : « Les trois premières années ont été marquées par des retards dans le décaissement des fonds et dans la mise en œuvre des projets. »

Usine à gaz administrative

Pour obtenir les fonds, Bruxelles avait mis en place une usine à gaz administrative censée permettre de suivre l’avancement du projet de relance de chaque pays avec un système de « jalons » et de « cibles » qualifiant les réformes et investissements (isolation thermique de bâtiments, investissements énergétiques, réformes sociales…) décidés par chaque État avec l’aval de Bruxelles. Si beaucoup de pays sont en retard, la France fait, elle, figure de bon soldat avec 76 %...