StopCovid : Au dessus de tout soupçon?
Lancée début juin par le gouvernement, l'application StopCovid est-elle vraiment utile et efficace en termes de santé publique ? Par ailleurs, qu’en est-il de la sécurité et de la protection des données ?
Le secrétaire d’état au numérique Cédric O, en se fondant sur une étude menée par des chercheurs d'Oxford déclare que l'efficience de StopCovid nécessite son utilisation par 60 à 70% de la population. Le baromètre du numérique affiché chaque année par le CREDOC révèle d'emblée qu'il existe une fracture numérique pour 30% des Français qui ne possèdent pas de smartphone.
Ensuite, si l'étude d'Oxford révèle que 79% des Français seraient prêts à installer l'application (!), la réalité est bien différente : une semaine après sa mise à disposition, le nombre des téléchargements a tout juste franchi la barre du million, bien loin des dizaines de millions nécessaires. Enfin, selon les statistiques publiées par le ministère de l'économie en 2019, les personnes entre 65 et 69 ans ne sont que 62% à détenir un smartphone, et ce chiffre chute à 44% pour les 70 ans et plus. Si l'on confronte ces chiffres à ceux de la mortalité de ces mêmes classes d'âge (2% dès 60 ans, 5% à 70 ans et plus de 12% à partir de 80 ans), on comprend aisément que les populations les plus à risque seront aussi les moins "protégées".
Deux autres notions sont aussi discutables : la distance entre les 2 personnes et leur temps de contact.
La zone critique entre une personne infectante et une autre n'a cessé de varier tout au long de la vague épidémique qui nous a atteint, pour que finalement une "distance de sécurité" d'un mètre soit adoptée empiriquement. Si la simple fraction de seconde d'un éternuement suffit à contaminer, la propagation après plusieurs dizaines de minutes en atmosphère confinée et humide n'a jamais pu être ni confirmée ni infirmée.
Dès lors, quid de ces 15 minutes passées à 1,5 mètres qui sont retenues pour StopCovid ?
Au total, l'empirisme des notions réelles combinée...