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Yves Perez, in memoriam

HOMMAGE. Le professeur Yves Perez est mort le 30 janvier dernier. Cet économiste reconnu, défenseur subtil du protectionnisme et contributeur à Front populaire à ses heures perdues va nous manquer. Jacques Sapir a tenu à saluer sa mémoire et l'oeuvre. 

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Le décès du professeur Yves Perez, survenu dans la nuit du dimanche 30 janvier, a laissé ses lecteurs, ses confrères et ses amis abasourdis. Il était professeur émérite et ancien doyen de la faculté de Droit, Économie et Gestion de l’Université catholique de l’Ouest, professeur aux Écoles militaires de Saint-Cyr-Coëtquidant, et l’auteur de nombreux livres dont Les Vertus du Protectionnisme, publié en 2020 et qui avait été remarqué bien au-delà du cercle de ses confrères, et Protéger ou Disparaître, publié en 2021. Il était intervenu dans les colonnes Front Populaire ainsi que sur le site et préparait la sortie d’un livre sur la réception intellectuelle et l’influence de Friedrich List. Ce livre, désormais hélas posthume, sortira au mois de mai 2022.

Il était d’ailleurs intervenu dans le séminaire de mon centre de recherches, le CEMI, le 14 janvier dernier, sur l’influence et la postérité de List au Japon. C’est donc peu dire que moi et mes collègues avons été bouleversés par l’annonce de sa mort.

Je connaissais Yves depuis fort longtemps. Nous nous croisâmes une première fois rue Saint-Guillaume, à Sciences-Po, au tout début des années 1970. Devenus étudiants dans le tumulte des années post-68, nous en partagions les excitations et parfois les outrances. Après mon diplôme, je m’inscrivis à l’EHESS et commençais une carrière d’enseignant du second degré. L’humanité avait inscrit « il faut bien vivre » sur son drapeau ; en lecteurs de Marx, nous le savions bien lui et moi. Je partis donc dans le Nord, l’Éducation nationale ayant fait sienne cette vieille devise de l’Armée coloniale française : « engagez-vous, rengagez-vous, vous verrez du pays »... Notre seconde rencontre survint quand, ayant terminé ma thèse de troisième cycle à l’EHESS, je m’inscrivis en Thèse d’État et revint sur Paris. Je fréquentais assidûment l’EHESS, la bibliothèque du Centre russe, et...

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