Attentats : Réflexion sur l’État-nation et le nouvel Empire européen
OPINION. L’attentat commis à Nice, par un Tunisien arrivé d’Italie, révèle les failles de l’Union européenne dans sa gestion des frontières. Et la France, soumise aux traités européens, se trouve désarmée face à cet afflux migratoire. C’est l’occasion de réfléchir sur les différences qui opposent État et Empire.
Depuis la disparition de l’Empire romain, plusieurs entreprises politiques ont tenté de le rebâtir. Frédéric Barberousse, empereur du Saint-Empire romain germanique, s’est considéré l’héritier de l’Empire des Carolingiens et de l’Empire romain. Les Habsbourg, puis Napoléon, reprirent ensuite à leur compte cette ambition impériale. Avec son funeste IIIe Reich (3eEmpire), Adolf Hitler a, lui aussi, voulu faire renaître l’idée d’empire, dans sa version la plus infernale. Puis, Jean Monnet et Robert Schuman ont investi cette mission civilisatrice au lendemain de la guerre lorsqu’ils ont créé la Communauté économique européenne (CEE), le nouvel Empire européen.
Si les Pères fondateurs de l’Europe, traumatisés par la monstruosité nazie, ont souhaité éviter la tyrannie d’un peuple sur les autres, l’Empire auquel ils ont donné naissance a progressivement instauré une « tyrannie des technocrates », déformant vraisemblablement leur vision plus idéale.
Contrairement à l’État dont les frontières n’ont pas ou prou vocation à s’étendre, l’Empire se caractérise principalment par une organisation bureaucratique centralisée, une volonté expansionniste et des peuples encadrés par une armature politique commune. Comme nous le savons, le IIIe Reich a donné naissance à un empire aux vélléités génocidaires et expansionnistes. Et c’est précisément à l’encontre de l’idée impériale (l’expansionnisme) qu’il aurait fallu inscrire la jeune Europe après la guerre, en bâtissant une Europe des nations. La coopération des nations, et non l’intégration de celles-ci au sein d’un empire, aurait été souhaitable. Mais les créateurs de la CEE, puis les technocrates de l’Union européenne (UE), ont fait le choix de l’intégration.
Dans le cadre de la construction de cet Empire européen, il faut rappeler que Monnet et Schuman se sont inspirés du fonctionnalisme, un courant de pensée, né sous l’influence de l’universitaire David Mitrany et réputé pour sa profonde défiance à l’égard des États. Les théoriciens du fonctionnalisme considèrent les États incompétents pour répondre aux...