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Australie : le naufrage d'une (non)-politique étrangère

ANALYSE. L'annulation du contrat entre l'Australie et Naval Group, au bénéfice de l'AUKUS (Australie, Royaume-Uni, États-Unis) a rebattu bien des cartes. Comment la France doit-elle désormais se positionner sur l'échiquier géopolitique ? Analyse en détail avec l'économiste Jacques Sapir.

/2021/09/Une panoplie de sous-marins_0


L’annulation par l’Australie du contrat des sous-marins passé à Naval Group suscite dans sa forme, qui mélange la duplicité au mensonge, une légitime indignation. Le gouvernement français a marqué son mécontentement en rappelant les ambassadeurs à Washington et Canberra. Ceci n’a cependant duré que quelques jours. Ayant publiquement montré son mécontentement, le gouvernement français a renvoyé au travail cesdits ambassadeurs et semble vouloir se contenter de discussions entre le ministre des Affaires étrangères et son homologue américain ainsi que d’un échange téléphonique entre Joe Biden et Emmanuel Macron. Les tribunaux auront sans doute aussi probablement à juger de cette rupture de contrat, ce qui occupera les cours correspondantes pour les prochains mois.

Mais, sur le fond, comment s’étonner de cette décision ? Cela fait longtemps que les États-Unis n’ont que mépris pour une France qui s’est, sous le mandat de Nicolas Sarkozy, vassalisée. Ils n’ont eu de cesse de faire payer à la France son opposition à l’invasion de l’Irak en 2003, un acte funeste qui porte en lui tous les drames contemporains du Moyen-Orient. Quant à l’Australie, elle a choisi les États-Unis pour protecteurs depuis 1945, ayant constaté l’incapacité de la Grande-Bretagne à la défendre. Elle s’est alliée à Washington dans la guerre du Vietnam, avec la Nouvelle-Zélande, ce dont le Royaume-Uni, lui, s’était bien gardé. Elle épouse, régulièrement, les thèses américaines. Le choix d’un consortium alliant l’Australie aux États-Unis et la Grande-Bretagne afin d’y produire des sous-marins à la place de Naval Group ne peut constituer une surprise.

Cependant, cet événement pose de manière brutale la question de la politique étrangère de la France, à la fois évidemment dans la zone Asie-Pacifique où cette rupture, et cette éviction, vient s’ajouter à la débandade américaine en Afghanistan. Celle-ci est lourde de menaces pour une France désignée comme ennemi numéro 1...

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