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David Teuscher : « Trump n’est pas un candidat antisystème, mais altersystème » (partie 1)

ENTRETIEN. David Teuscher est historien et spécialiste des États-Unis, auteur d'un essai remarqué : Vers les États-désunis ? (éd. Perspectives libres, 2021). Dans la première partie de ce grand entretien, il analyse des rapports de force politiques et électoraux au pays de l'Oncle Sam à l'aube d'une élection présidentielle qui cristallise les tensions.
Seconde partie de l'entretien à lire ici.

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© Alex Brandon/AP/SIPA


Front Populaire : Joe Biden, diminué, a renoncé à se présenter à sa réélection. Une semaine avant, son concurrent Donald Trump échappait de justesse à une tentative d’assassinat. Comment se porte la démocratie américaine ?

David Teuscher : La première lecture que l’on peut avoir est que la tentative d’assassinat montre le clivage de plus en plus exacerbé entre Démocrates et Républicains – voire, au-delà, entre progressistes et conservateurs. Ils ne peuvent plus se voir les uns les autres. La politique états-unienne est enfermée dans un système bipartiste, montrant un pays « bloqué » n’offrant pas d’alternative politique. Une autre offre politique, un autre projet pour le pays, peinent à émerger et la question de savoir comment assurer le maintien unitaire de la fédération reste pour l'heure sans réelle réponse.


[Les États-Unis sont] plutôt une « démocratie contrôlée », ou une « post-démocratie ». On laisse un choix aux électeurs, mais ce choix est contrôlé, pré-choisi, de façade.


Il existe d’autres partis : parti vert, parti communiste, parti libertarien, etc. Mais le système bipartisan est volontairement laissé tel quel pour qu’il n’y ait pas de troisième voie qui puisse émerger. La société est polarisée entre deux pôles de pouvoir qui ne veulent pas perdre leur pouvoir.

En ce sens, les États-Unis ne sont pas la « première démocratie du monde », comme je l’entends dire dans les médias mainstream. Certes, les shérifs, juges, etc. sont élus. Mais, le projet politique des deux partis s’accorde sur une base. Entre autres choses : les Etats-Unis doivent rester la puissance mondiale n°1. Il s’agit plutôt d’une « démocratie contrôlée », ou d'une « post-démocratie ». On laisse un choix aux électeurs, mais ce choix est contrôlé, pré-choisi, de façade. Nous y reviendrons.

On croyait les tentatives d’assassinat de politiciens réservées à des régions mondiales instables et dangereuses : Amérique du Sud, Moyen-Orient et Afrique. On voit que la démocratie et les...

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