MondialismeUnion européenne

Frédéric Farah : « L’UE n’est pas le rempart mais la succursale de la mondialisation »

ENTRETIEN. Frédéric Farah est économiste, chercheur affilié au laboratoire PHARE de la Sorbonne (Paris I) et enseignant. Il est l’auteur de Fake State (2020) chez H&O. En cette date anniversaire, nous l’avons interrogé sur les conséquences politiques et économiques du Traité de Lisbonne.

/2021/02/Union européenne, mondialisation, démocratie, souveraineté, 4 février 2008

Front Populaire : Nous sommes aujourd’hui le 4 février 2021. Il y a 13 ans, le 4 février 2008, le Congrès a voté la révision de la Constitution pour permettre la ratification du Traité de Lisbonne. Quel souvenir gardez-vous de cet épisode ?

Frédéric Farah : Je dirais et cela relève de l’évidence : un mauvais souvenir. Plus encore, c’est une forme de colère qui me revient. La parole du peuple français, peuple souverain, faut-il encore le rappeler, voyait son choix de 2005 balayer d’un revers de la main. La rupture entre les mandés et les mandants était consommée. La sécession des élites et la grande liquidation démocratique continuaient de plus belle. Je me souviens que Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle de 2007 avait très largement annoncé qu’il ne resterait pas sans réagir face au refus des français de 2005. Rares ont été les moments de joie, d’espérance politique, ces trente dernières années en France. Je n’en garde que deux : 1995 et 2005. Ce mois de décembre 1995, restera un formidable souvenir et 2005 aussi. Depuis plus rien, l’hiver politique et démocratique n’en finit pas. Donc ce 4 février est un bien triste anniversaire.

FP : Le Traité de Lisbonne signe la naissance officielle de l’« Union » européenne, dotée d’une personnalité juridique propre. L’idée était de faire converger les pays dans les esprits en attendant leur convergence économique, mais cela n’a jamais eu lieu ?

FF : L’Union européenne est une machine à fabriquer de la divergence, de la dissension, des stratégies non coopératives, de la méfiance et des préjugés dans les domaines politiques, économiques et sociaux. Il serait long de tout démontrer, mais prenons pour exemple, le fameux couple franco-allemand, à ce sujet je recommande l’indispensable livre de la très regrettée Coralie Delaume, Le couple franco-allemand n’existe pas. Ce dernier, au-delà du...

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