L’Ami envahissant : les États-Unis d’Amérique (partie 2)
CONTRIBUTION / ANALYSE. Dans cette réflexion en deux parties dont voici la seconde, le politologue Arnaud Imatz fait la généalogie des différents sentiments vis-à-vis des États-Unis d'Amérique, pro comme anti, et montre que leurs intensités respectives évoluent de conserve. Première partie à lire ici.
On a aussi souvent relevé des similitudes, non pas sur le plan théorique mais dans les faits, entre l’universalisme républicain français et l’universalisme communautariste anglo-saxon ou étatsunien. Mais il y a une différence fondamentale entre les deux. L’universalisme républicain français, sorte de contre-religion laïque, anticatholique, cherchait à fédérer tous les membres de la communauté nationale autour de valeurs politiques et culturelles communes en les traitant tous uniquement comme des citoyens. A l’inverse, l’universalisme communautariste anglo-saxon entend s’appuyer sur la coexistence, au sein d’une même société, de groupes – religieux, ethniques, culturels – hétérogènes, dont on encourage la tolérance mutuelle. Les États-Unis se sont historiquement construits comme un assemblage de communautés et de cultures minoritaires avec, surplombant le tout, un « mythe fondateur » accepté par tous, celui de la culture dominante des WASP (White Anglosaxon Protestant). Mais le long processus initié il y a deux siècles et demi a finalement abouti au séparatisme militant des « wokes ».
En matière d’américanisme et d’antiaméricanisme, tout semble affaire de perspective. Pour les historiens et géo-politologues hispano-américains la distinction classique entre les deux interprétations de la doctrine de Monroe, si chère aux politologues européens, n’a pas vraiment lieu d’être. Pour eux, les grands principes énoncés par la diplomatie états-unienne [doctrine de Monroe (1823), idéologie de la Destinée manifeste (1845), politique du Big Stick de Théodore Roosevelt (1901), politique de bon voisinage de Franklin Roosevelt (1932), théorie de la sécurité nationale de Truman (1947), processus de formation de la zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) de Bush, etc.,] aboutissent tous à une seule et même fin que résume ces mots : « L’Amérique aux Américains… du Nord ».
Pourquoi l’antiaméricanisme est-il si répandu dans le monde ?
Cela dit, les controverses honnêtes autour des idées ne sauraient faire l’économie d’un rappel de la chronologie de quelques faits historiques. En 1620,...