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L’Espagne vide, miroir de la France périphérique

ANALYSE. En 2014, Christophe Guilluy se fait connaître dans les médias en publiant La France périphérique, qui fait suite à ses travaux sur les fractures qui traversent notre pays. Le décrochage d’une partie de nos concitoyens trouve un reflet outre-Pyrénées, dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler « Espagne vide » ou « Espagne vidée ».

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En 2014, Christophe Guilluy se fait connaître dans les médias en publiant La France périphérique, qui fait suite à ses travaux sur les fractures qui traversent notre pays. L’idée de base est la suivante : les classes populaires françaises sont repoussées dans les zones périurbaines, loin du centre des métropoles (laissé par la force des choses aux classes aisées) et des banlieues proches (où sont cantonnées les populations issues de l’immigration récente). Se creuse par conséquent un fossé croissant entre les pôles urbains, bien connectés à la mondialisation, et cette « France périphérique » aux problématiques spécifiques (chômage, précarité, manque de services et d’infrastructures).

La question s’élargit lorsque l’on prend en compte le déclin des villes petites et moyennes ainsi que des campagnes. C’est le cas dans la « diagonale du vide », longue ligne de faible densité, invisible dans les grands médias (à quelques exceptions près), qui court de la Meuse et des Ardennes jusqu’aux Hautes-Pyrénées en passant par le Massif central.

Ce décrochage d’une partie de nos concitoyens trouve un reflet outre-Pyrénées, dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler « Espagne vide » ou « Espagne vidée ». Si ces expressions sont relativement récentes, les analyses en la matière sont anciennes. Dès 1988, le roman La lluvia amarilla, de Julio Llamazares, souligne l’exode rural qui concerne des régions entières du pays. La Catalogne, l’agglomération madrilène et le littoral méditerranéen en général aspirent les forces vives et les richesses, privant la majeure partie du territoire espagnol d’emplois, de jeunes et de perspectives d’avenir.

La cherté des loyers et la difficulté à contracter des crédits immobiliers, surtout après la crise de 2008, forcent cependant les Espagnols à se loger en grande banlieue – ou à avoir recours à la colocation jusqu’à un âge avancé. L’on retrouve ainsi de l’autre côté de la chaîne pyrénéenne deux des caractéristiques...

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