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La fausse réussite de la transition énergétique allemande

ARTICLE. Plus de la moitié de l’électricité produite par l’Allemagne provient de ses énergies renouvelables. Un chiffre qui s'explique pourtant par plusieurs facteurs bien identifiés, et qui masque mal l’échec criant de sa transition énergétique.

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Tagebau Hambach, une grande mine de charbon à ciel ouvert à Niederzier et Elsdorf (Rhénanie du Nord-Westphalie), exploitée par RWE et utilisée pour l'extraction du ligniteISOPIX/SIPA


Côté pile, les antinucléaires exultent : non seulement l’Allemagne réduit ses émissions de CO2, mais en plus elle le fait à grand renfort d’énergies renouvelables. Côté face, une bonne dose de déni : qu’importe que ces bons chiffres en masquent d’autres, bien moins glorieux pour Berlin et pour le climat. Alors, qu’en est-il réellement ? L'Energiewende— terme désignant la fameuse transition énergétique allemande — tient-elle réellement toutes ses promesses ?

D’après les calculs de l’Agence fédérale des réseaux publiés ce 2 janvier, la part d’énergie renouvelable dans la production brute d’électricité allemande a dépassé pour la première fois les 50 %, atteignant 56 %. Dans le détail, deux sources énergétiques tirent les chiffres du renouvelable vers le haut. D’une part, l’éolien terrestre, qui a connu une augmentation de 18 %. Puis le retour, plus anecdotique, de l’hydraulique (+16,5 %), après une année contrastée, handicapée par un déficit hydrique, conséquence de la sécheresse estivale de 2022 qui a durement touché l'Allemagne. Bien que la part de photovoltaïque dans le mix productif électrique allemand demeure stable, voire en légère progression, l’ensemble des renouvelables a bondi de 7,5 % en un an.

Des chiffres qui impressionnent. Aurions-nous tort de considérer que le modèle allemand est voué à l’échec d’un point de vue économique et écologique ? Force est de constater qu'il y a bien un développement continu des énergies renouvelables en Allemagne. Berlin a prévu d’investir massivement : 70 milliards d’euros par an jusqu’en 2050 d’après Bundesverband der Deutschen Industrie (BDI, Fédération de l’Industrie allemande), après 520 milliards d’euros consacrés à la période entre 2000 et 2025. Un montant vertigineux, qui, rapporté au cas français, représenterait l'équivalent du coût de 60 réacteurs nucléaires EPR2 en 25 ans, et le développement de plus de six réacteurs par an les 25 suivantes, EDF estimant à 51,7 milliards d'euros le...

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